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Du reportage, de l'enquête, des longs formats. Ce n'est pas Arte, c'est Spicee, la webtélé d'investigation qui veut imposer en ligne une télé de qualité sur abonnement. Osé mais pimenté.

Si Mediapart et XXI lançaient ensemble une chaîne de télévision, elle pourrait s’appeler Spicee. Comme ce fut le cas pour ses deux aînés, le pari de Spicee, la webtélé de reportages sur abonnement peut paraître un peu fou. La barre est en effet placée haut: «Nous voulons faire une télé haut de gamme qui fait la part belle aux enquêtes, aux reportages et aux longues histoires», avance Alexandre Michelin, nouveau directeur général de Spicee et ex-directeur général de MSN pour l’Europe et le Moyen-Orient. Pari osé à l’heure où les youtubeurs, le LOL généralisé et le format court règnent en maîtres sur les canons de l’image sur internet.

En quittant Microsoft pour Spicee, Alexandre Michelin a rejoint deux journalistes: Jean-Bernard Schmidt (ex-Capital, M6) et Antoine Robin (ex-Havas Productions) et un investisseur, Bruno Vanryb. «Notre constat est simple: sur le net, la création originale d’images ne s’intéresse pas au reportage et à l’enquête, produits pour être broadcastés. Spicee remplit ce vide en y ajoutant une très grande exigence éditoriale sur des sujets pointus et variés qui n’existe plus vraiment à la télé.» Au menu de Spicee: un long format sur les djihadistes en Syrie, un autre sur l’immigration en Australie, un troisième sur les complotistes sans frontières qui démonte avec acuité leur mécanique, enfin un dernier sur le Captagon, la drogue des armées et des terroristes. A cela s’ajoutent des sujets plus «légers» sur l’histoire d’un graffeur ou d’un club de foot.

Combler le vide de la télévision

Un petit goût de Vice en version haut de gamme? «Notre offre a trois piliers: l’investigation, le lifestyle qui s’intéresse aux arts de vivre partout dans le monde, et les stories qui sont des choses que les médias ne prennent plus le temps de raconter», détaille Alexandre Michelin. Au minimum, trois programmes frais par semaine, réalisés avec l’agence de production Babel Presse. Un menu complet qui donne envie. Cela d’autant plus que dans la forme, il ne rechigne pas à épouser les codes du web. Aussi, l’utilisateur abonné peut choisir un contenu en fonction du temps dont il dispose: 5, 15 ou plus de 30 minutes. De même, les longs reportages sont proposés en version longue ou en version séquencée. «En faisant de la smart data, nous voulons, comme Netflix, écouter nos abonnés qui amendent nos idées», détaille le dirigeant.  

Reste une interrogation: celle, évidente, du modèle économique. Une webtélé exigeante pour 9,90 euros par mois peut-elle vraiment exister? «Nous comptons aujourd’hui 1500 abonnés pour trois mois d’existence. Notre point mort est à 25000. Nous sommes convaincus que la qualité des contenus nous apportera des abonnés au fur et à mesure» assure, enthousiaste, Alexandre Michelin. Aux abonnements, s’ajoute la distribution à l’étranger des docus de Spicee. Celui sur les conspirateurs a été acheté dans 17 pays, ceux sur l’immigration en Australie ou  les djihadistes ont aussi connu une belle vie à l’international, notamment dans le monde francophone. Et si Spicee participait à l'ubérisation de la télé en inventant un nouveau modèle? 

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