Jamais, on le sait, les Français n’ont été aussi attachés à leur téléphone mobile. Objet personnel, intime, extension de sa vie privée comme professionnelle, il requiert une vigilance de tous les instants. Chacun songe à ne pas le perdre, à ne pas se le faire voler ou à faire une sauvegarde de ses données… Face à une telle anxiété, le monde des applications devrait être un lieu de réassurance permanent. Ou comme on dit dans un club très sélect: «On va vous demander quelques informations, mais bien entendu, ça restera entre nous…»

Or, voilà que, comme le confirme un sondage Odoxa pour Microsoft et Stratégies, les trois quarts des Français interrogés (74%) ne font pas confiance aux applis sur leur mobile quant à l’utilisation qui est faite de leurs données personnelles (voir Stratégies.fr). Un niveau de méfiance «édifiant», selon Emile Leclerc, directeur d’études d’Odoxa, et qui se retrouve dans toutes les générations, même si c’est un peu moins prononcé chez les 18-24 ans, où le taux de confiants atteint 44%, contre 32% pour les 35-49 ans et 23% chez les plus de 35 ans. Un peu comme si on soupçonnait le big data d’être le visage moderne de Big Brother.

Car, soyons clair, si les applications mobiles suscitent de la défiance, ce n’est pas tant en raison de la délinquance ou de la criminalité qu’on y trouverait (seuls 5% des mobinautes s’estiment victimes de piratage, contre 25% pour les ordinateurs). D’ailleurs, les deux tiers des personnes interrogées n’ont aucun problème avec l’idée que les fabricants de téléphone doivent livrer les données des terroristes. Ce qui coince? L’hyperciblage induit par le transfert de données – notamment aux Etats-Unis – donne le sentiment d’être traqué, voire espionné. Et la crainte existe que la personnalisation à outrance ne soit que le reflet d’une atteinte manifeste à la vie privée.

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