Presse

La liberté de la presse s'est dégradée dans toutes les régions du monde en 2015, particulièrement dans les Amériques. Le continent passe pour la première fois derrière l'Afrique dans le classement annuel de Reporters sans frontières. Ce rapport, qui existe depuis 2002, examine la liberté de la presse dans 180 pays, en s'appuyant sur plusieurs indicateurs: pluralisme, indépendance des médias, environnement et autocensure, cadre légal, transparence, infrastructures et exactions.

Conséquence des nouvelles technologies

«Tous les indicateurs du classement témoignent d'une dégradation. De nombreuses autorités publiques essaient de reprendre le contrôle de leurs pays, craignant de trop grandes ouvertures du débat public, a commenté auprès de l'AFP Christophe Deloire, secrétaire général de RSF. Aujourd'hui, il est de plus en plus facile pour tous les pouvoirs de s'adresser directement au public grâce aux nouvelles technologies, et donc il y a une violence plus grande contre tous ceux qui représentent l'information indépendante. On entre dans une nouvelle ère de la propagande où les nouvelles technologies permettent à bas coûts de diffuser sa propre communication, son information, sous la dictée. Face à eux, les journalistes sont des empêcheurs de tourner en rond.»

Si la situation s'est dégradée dans toutes les zones géographiques, le continent américain a particulièrement reculé à cause notamment d'assassinats de journalistes en Amérique centrale. En Amérique latine, «la violence institutionnelle (au Venezuela, 139e ou en Equateur, 109e), celle du crime organisé (comme au Honduras, 137e), l'impunité (comme en Colombie, 134e), la corruption (comme au Brésil, 104e), la concentration des médias (comme en Argentine, 54e) constituent les principaux obstacles à la liberté de la presse», souligne RSF.

En Amérique du Nord, les Etats-Unis (41e) pâtissent de la cybersurveillance et le Canada, qui perd 10 places (18e), a vu sa situation se dégrader «pendant la fin du mandat de l'ancien Premier ministre Stephen Harper», selon RSF.

L’Europe en pente douce

Dans certains pays en crise, comme l'Irak (158e), la Libye (164e) et le Yémen (170e), «exercer le journalisme relève de la bravoure», souligne l'ONG. Si RSF salue l'amélioration de la situation en Tunisie (96e), qui gagne 30 places, preuve des effets positifs de la révolution, selon l’associationEn bas du classement, comme l'an dernier, la Syrie stagne à la 177e place sur 180 - juste derrière la Chine (176e) -, et devant le Turkménistan (178e), la Corée du Nord (179e) et l'Érythrée (180e).

En Asie, le Japon perd 11 places (72e) en raison de nombreux médias, y compris publics, qui «succombent à l'autocensure vis-à-vis du Premier ministre notamment et sont pris en défaut d'indépendance».

Du côté des bons élèves, la Finlande conserve sa première place pour la sixième année consécutive, suivie des Pays-Bas et de la Norvège.

Globalement, si l'Europe demeure la zone où les médias sont le plus libres, RSF constate un affaiblissement de son modèle: «Détournement du contre-espionnage et de la lutte contre le terrorisme, adoption de lois permettant une surveillance à grande échelle, augmentation des conflits d'intérêts, mainmise de plus en plus grande des autorités sur les médias publics et parfois privés, le continent ne s'illustre pas par une trajectoire positive».

Pour la France qui perd sept places, (45e) RSF déplore qu'«une poignée d'hommes d'affaires ayant des intérêts extérieurs au champ des médias finissent par posséder la grande majorité des médias privés à vocation nationale».

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