Dossier Presse
Malgré des recettes publicitaires en baisse et des diffusions qui ne cessent de reculer pour la plupart des titres, les principaux groupes de presse sauvent la mise grâce au numérique, à la diversification et la mise en place de mesures d’économies.

Sipa Ouest-France

Stabilité et chantiers

Avec un chiffre d’affaires de 952 millions d’euros (–3%) et un résultat opérationnel courant de –5,2 millions d’euros, le groupe Sipa-Ouest France a clôturé l’année 2015 dans la même veine que 2014. À lui seul, le quotidien Ouest France a généré 306 millions d’euros de chiffre d’affaires, en léger recul (–1,9%), pour un résultat courant avant impôt de 9,1 millions (– 3,2%) et un excédent brut d’exploitation de 22,3 millions (+8,2%). Les recettes de diffusion ont été stables, la publicité commerciale a baissé de 5%, tandis que les petites annonces papier, qui ont cette année encore reculé (–35%) tendent vers zéro. «Le numérique commence à représenter des niveaux intéressants, autour de 14% du chiffre d’affaires pour l’ensemble du groupe, 6% pour Ouest France», explique Louis Echelard, directeur général. Sur le digital, le quotidien breton totalisait, fin 2015, presque 38 000 abonnés numériques, dont 10 300 pur numérique, encore loin des 470 000 abonnés papier. Après la mise en place d’une newsroom unique fin 2015, Ouest France lancera dans les prochaines semaines une édition France au format numérique. Autre chantier pour l’année 2016, la réorganisation des activités de publicité avec le rapprochement des régies Precom et Ouest France multimédia sous la marque Additi. Au niveau du groupe, se profile également le démantèlement de Spir Communication, dont les pertes ont atteint 62 millions d’euros l’an dernier.

 

Groupe Figaro

Premier groupe média numérique

L’année 2015 restera marquée par l’acquisition, en octobre, de CCM Benchmark, qui a permis au Figaro de devenir le premier groupe média numérique en France, avec 24 millions de visiteurs uniques par mois. «Cette acquisition nous donne une puissance et une diversité de marques très forte, un état d’esprit et un savoir-faire en matière d’innovation et de technologie, et nous ouvre à de nouveaux métiers comme le marketing à la performance et le programmatique», souligne Marc Feuillée, directeur général. Hors CCM Benchmark, le groupe Figaro a réalisé, en 2015, un chiffre d’affaires stable, à 500 millions d’euros, pour un résultat d’exploitation de 21 millions, en hausse de 5%. Le digital a généré 32% des recettes et devrait représenter, en 2016, 35% du chiffre d’affaires et 60% des profits après l’acquisition de CCM Benchmark. Lancée en mai 2015, l’offre premium du Figaro a permis au titre de dépasser les 40 000 abonnés numériques sans perdre son leadership en gratuit (9,7 millions de VU sur ordinateur et 5,2 millions sur le mobile en janvier 2016, selon Médiamétrie). Après la refonte du Figaro économie, de son supplément art de vivre et le lancement d’une nouvelle formule pour Madame Figaro en 2015, le groupe travaille notamment à la mise en ligne d’une web TV Le Figaro à la rentrée 2016. Après la création en janvier d’une régie unique, Media Figaro, le groupe va aussi poursuivre l’intégration de CCM Benchmark avec la mise en place d’une DMP et d’une solution d’adserving communes. Plusieurs projets autour de l’open data devraient également voir le jour cette année.

 

Lagardère

Moins de presse, mais plus premium

Avec un CA de 442 millions d’euros en 2015 (–3,9% sur un an), la presse ne représente plus que 46% de l’activité de Lagardère Active contre 52% en 2014. Elle reste une affaire rentable (8% de rentabilité selon nos informations). Cependant Denis Olivennes, son président, entend se recentrer sur les titres premium (Paris Match, JDD, Elle) qui affichent de fortes progressions de leur audience digitale, et dont il souhaite renouveler les contenus papier pour «maintenir l’intérêt et le plaisir de lecture». La formule a été retravaillée pour Match (– 4% en DFP) et Elle (– 2,4% en DFP), dont l’audience print progresse. Elle le sera bientôt pour Le Journal du dimanche (– 9% en DFP), après le départ probable de Jérôme Bellay. Pour maintenir la rentabilité, un programme de réduction des coûts de 50 millions d’euros sur trois ans a été décidé. Un plan de départs volontaires portant sur 174 emplois est en phase de consultation, pour un accord attendu fin juin. Concernant la vente des autres titres (Télé 7 Jours, France Dimanche, Ici Paris), dont les possibilités de diversification et de développement digital sont plus limitées, «nous n’avons pas reçu de propositions dignes de ce nom», indique le dirigeant, qui attend qu’elles soient «industriellement pertinentes, socialement responsables et financièrement attractives». La diversification, à l’instar du forum Elle Active, reste au cœur du développement. Mais c’est surtout sur le pôle d’actualité dont il s’apprête à prendre la présidence, en plus de celle d’Europe 1, que Denis Olivennes compte s’impliquer. «Le JDD est le seul quotidien du septième jour qui n’est pas adossé à une plateforme de quotidien», note-t-il. D’où la volonté de rapprocher physiquement le titre d’Europe 1, à Paris, et de faire un portail commun sur le numérique dans lequel on retrouvera la marque JDD. «Il va y avoir une coopération Match, le JDD et Europe 1», annonce-t-il.

 

Prisma

Le digital compense le print

Avec 375 millions d’euros nets (+1,6% sur un an), Prisma Media a réalisé une bonne année en 2015. «La croissance du digital a surcompensé la décroissance du print», souligne Rolf Heinz, son PDG, qui affiche un résultat opérationnel de 38 millions d’euros, soit plus de 10% de marge. Malgré des activités print à –5% en publicité et stables en diffusion (grâce des hausses de prix, des redressements et des lancements), la croissance du digital (+30%), qui totalise désormais 70 millions d’euros (19% du CA) permet au groupe de trouver de vrais relais de croissance. Prisma continue en effet de se développer sur tous les paramètres: les magazines sur différentes tranches d’âge du marché féminin (Flow, As You Like et Serengo) et avec National Geographic Traveller, le digital avec récemment Infonity, appli mobile de contenus personnalisés, et Business  Insider qui sera lancé cet été et vise 1 million de visiteurs uniques par mois en 2017. «Nous avons mis l’innovation au cœur de notre stratégie, cela nous différencie de ceux qui mise sur l’optimisation des coûts», remarque le patron. En 2016, alors qu’il est en phase d’acquisition du groupe Cerise (Oh my mag, Genside), Rolf Heinz table sur 30 à 50% de hausse de son CA digital, suivant qu’il réalise deux, trois voire quatre acquisitions. Et si ses diffusions tendent à s’éroder (voir p. 26-27), il pense aujourd’hui en termes «d’audience distribuée». Il estime en effet son groupe très avancé sur le mobile, la vidéo et la data mais veut consolider sa présence sur les réseaux sociaux, notamment en investissant les plateformes de distribution web.

Bayard

Innovations et partenariats

Que ce soit sur le senior, le religieux ou la jeunesse, Bayard presse a multiplié les projets ces derniers mois, avec notamment le lancement de Notre Temps Psycho en octobre, une importante refonte de Pèlerin en novembre, suivie par une nouvelle formule pour La Croix en janvier 2016, qui a d’ores et déjà permis au quotidien d’augmenter sa diffusion de 1,7% en février. Autre innovation, un partenariat conclu avec la chaîne de restauration rapide Quick, qui offrait dans ses menus enfants, à la rentrée 2015, un magazine Bayard jeunesse. «Ce partenariat a permis une belle mise en main de nos titres dans des lieux où se réunissent les familles», estime Georges Sanerot, président du directoire de Bayard. Côté résultats, le groupe, qui clôture ses comptes au 30 juin, a réalisé pour l’exercice 2014-2015 un chiffre d’affaires de 353,2 millions d’euros, en hausse de 2% sur un an. À elle seule, l’entité Bayard presse a généré 192,6 millions d’euros de chiffres d’affaires, en baisse de 1,3%. Dans le détail, les recettes de diffusion, qui représentent 83,3% du total, ont baissé de 0,5% (-1,9% pour l’abonnement, +2,1% pour la vente au numéro), tandis que les revenus publicitaires ont été quasi-stables. Le groupe a terminé l’exercice sur un résultat d’exploitation de 10,2 millions d’euros (4,6 millions en 2013-2014) et un résultat net de 1,4 million (-0,9 million en 2013-2014). Dans les cartons depuis près d’un an, le projet de série animée qui proposera de revisiter la Bible en 35 épisodes devrait voir le jour d’ici la fin de l’année.

 

Les Échos-Le Parisien (LVMH)

En pleine addition
Un chiffre d’affaires consolidé de «340 à 350 millions d’euros»: tel est le poids du nouveau groupe de presse de LVMH, né de l’addition du Parisien-Aujourd’hui en France (190 millions de CA) et des Échos (130 millions, dont près de 29% sur le digital). Si le premier, racheté en novembre, a perdu 2 millions d’euros en 2015, l’autre est à l’équilibre et même «bénéficiaire», selon Francis Morel, son PDG. Les Échos, en hausse de 5% en CA et de 1,2% en DFP, atteint la meilleure diffusion de son histoire (126 645 ex. en 2015). L’hebdo du week-end, lancé en octobre, est selon lui un succès tant en ventes le vendredi (+15 à 20%) qu’en recettes pub et en études de lectorat. Le site Les Échos Start, qui vise à quitter la vie d’étudiant, a apporté 1 million de visiteurs uniques. Les Echos Solutions, qui rassemble les activités de service, totalise un tiers du CA avec le rachat de Pelham ( brand content et le publishing pour le CAC 40). Côté Parisien (-6,4% en DFP en 2015), une nouvelle formule est programmée pour l’automne. «Il faut développer la partie locale, la proximité avec les lecteurs et dynamiser la maquette de façon à ce qu’on voie clairement les rubriques qu’on est en train de lire», dit l’éditeur qui travaille aussi sur son site internet, dont il veut accroître la partie payante, soit via un pay wall soit par une zone premium. «Avec 12 millions de VU, Le Parisien est un vrai succès d’audience, mais il se monétise mal», résume Francis Morel. Objectif : doubler la part de CA (10%) réalisée sur le digital. Enfin, la régie Team Media – qui travaille sur des offres groupées – concentrera les deux sociétés dans le nouveau siège du groupe à Bir-Hakeim, boulevard de Grenelle, à Paris, à l’automne 2017. Les autres synergies, assure le patron, se limiteront au partage de technologies et d’expériences.

 

Mondadori France

Digitalisation toute

Le groupe Mondadori France a réalisé l'an dernier un chiffre d'affaires de 334,6 millions d'euros, en baisse de 1,9% sur un an. Les revenus publicitaires ont reculé de 3,3% (-5% sur le print, +30% sur le digital), tandis que les recettes de diffusion, qui représentent plus de 70% du chiffre d'affaires, ont baissé de 1,8% (-5,8% sur la vente au numéro, +0,8% pour les abonnements). Le groupe a légèrement amélioré sa rentabilité avec un Ebitda de 36 millions d'euros, soit un taux de marge de 10,8% contre 10,5% en 2014. «Nous avons réduit de moitié la baisse de notre chiffre d’affaires [-3,7% en 2014] grâce à notre stratégie de déclinaisons de marques (Vital food, Auto Plus utilitaires…), de diversification (lancement de la chaîne Mon Science & Vie junior avec le Groupe AB) et de digitalisation du groupe», explique Carmine Perna, directeur général. L’an dernier, Mondadori France a rapproché ses rédactions télé et people pour créer une newsroom unique, multimarques et multisupports. La régie a, quant à elle, adopté une nouvelle organisation transversale fin 2015. D’ici à l’été, le groupe posera la dernière pierre de sa stratégie de digitalisation. De nouvelles déclinaisons sur le pôle femmes pourraient, par ailleurs, voir le jour au second semestre, par exemple autour de la marque Vital. Pourrait également revenir sur la table le dossier des magazines que le groupe Lagardère souhaite vendre (Télé 7 jours, France dimanche et Ici Paris), pour lesquels Mondadori France avait fait une offre fin 2015 et qui sont aujourd’hui «en stand-by».

 

Le Monde

Dans les zones positives
Avec un chiffre d’affaires de 334 millions d’euros en 2015 (hors L'Obs), en hausse de 1,5% sur un an, le groupe Le Monde affiche un résultat d’exploitation de 3,8 millions d’euros, selon son patron Louis Dreyfus. «Hors l’imprimerie, fermée le 5 septembre 2015, on serait à 6 millions d’euros de bénéfice, confie-t-il. On commence à être dans des zones positives, même si c’est fragile. On va pouvoir consolider le résultat d’exploitation en 2016.» La légère croissance de l’activité du groupe, qui réalise 12% de son chiffre d'affaires sur le digital, est à mettre à l’actif des abonnés numériques (190 000, dont 75 000 aussi sur le papier) et de la diversification. Les ventes sont en légère baisse (-1,9% en DFP pour Le Monde, -2,4% pour Télérama) et la publicité plutôt stable. De son côté L’Obs, contrôlé à près de 66%, voit sa diffusion dégringoler (-13%) au rythme des newsmagazines – ce qui se traduit par un déficit de 1,75 million d’euros – tandis que M le magazine progresse de 2,1% (et +335 000 lecteurs en audience). En DFP toujours, Courrier international se redresse (+2,8%) après un plan de départs en 2014 alors que Le Monde diplomatique, détenu à 51%, fait un bond en diffusion de 15%. En 2016, où la baisse des ventes en kiosque suit, au global, la tendance du marché, l’orientation mobile va se confirmer. Après le lancement de la matinale – 450 000 téléchargements – sept jours sur sept depuis novembre, l’accent va être mis sur la vidéo. Des chaînes You Tube pourraient être lancées et Le Monde s’apprête à intégrer Discover sur Snapchat. Enfin, le groupe va enrichir son site Campus avec «Au 21», une série de salons avec des déclinaisons numériques à Paris et en province.

 

Altice media group

Course à l'équilibre

Avec un chiffre d’affaires de 270 millions d’euros et «un ebitda positif dès cette année», le groupe Altice Media Group (propriétaire de Stratégies) est le nouvel ensemble né en 2015 des anciens groupes Express Roularta et Libération (+I24 News). Il s’est employé à résorber les foyers de pertes, via un toilettage des abonnements les plus coûteux, une gestion à l’économie et un plan de restructuration (210 départs à L'Express avec la clause de cession) pour remettre au plus vite les titres de presse à l’équilibre. «Libé est en passe d’être sauvé», assure son PDG, Marc Laufer, qui estime que le quotidien
(– 5,7% en DFP) sera à l’équilibre financier dès cette année. Intégré au groupe SFR, le groupe mise désormais sur la convergence avec SFR Presse, l’application qui permet de distribuer numériquement 17 publications du groupe. Avantage: une forte audience et des perspectives publicitaires. Côté diffusion, «l’ACPM-OJD devrait évoluer en fonction des nouveaux usages», estime le patron, car rien ne dit que les lecteurs de l’appli seront pris en compte dans la DFP. L’Express (– 16,6% en DFP) a été confronté à une baisse annuelle de ses revenus publicitaires de 25%. «Il ne sert à rien de servir des diffusions d’il y a deux ans», observe le dirigeant, qui se dit satisfait de la nouvelle formule de l’hebdo, lancée en mars. Le newsmagazine est aussi passé de 250 éditions régionales à une centaine par an. Pour l’avenir, le groupe prépare une nouvelle formule de L’Expansion – avec une périodicité inchangée. La régie a aussi pris en charge les sites de Radio France et RFI. Avec 10% du CA dans le numérique, il entend aussi développer ses activités événementielles et digitales. Adossé à SFR, Marc Laufer imagine déjà des articles sélectionnées de façon individualisées et le paiement à l’acte...

 

Marie Claire

Une année contrastée
L’année 2015 a été contrastée pour le groupe Marie Claire (GMC), qui est parvenu à maintenir son chiffre d’affaires autour de 230 millions d’euros (le groupe ne communique pas ses chiffres) et un résultat positif, malgré la baisse de 5% de ses recettes publicitaires et de 3% de ses revenus de diffusion. Le groupe a notamment été porté par le gratuit Stylist, dont le chiffre d’affaires publicitaire a bondi de 20%, et par le digital (+12%). «L’an dernier, nous avons poursuivi notre stratégie de montée en gamme de nos marques et de création d’écosystèmes de marque», résume Jean-Paul Lubot, directeur général délégué du groupe. C’est dans cette logique que Marie Claire, qui a fait l’objet d’une nouvelle formule en février 2016, a lancé le festival musical Les Nuits claires, qui a remporté le prix du meilleur développement de marque remis mi-avril par le Syndicat des éditeurs de la presse magazine, à l’occasion du Prix Relay des magazines 2016. Outre la refonte des magazines Cuisine et vins de France, La Revue du vin de France, Cosmopolitan et Marie Claire maison, le groupe a rapproché en 2015 le magazine Famili et le site Magicmaman, qui devient marque unique de l’offre parentale de GMC. La régie du groupe a, quant à elle, fusionné ses activités print et digitale en fin d’année. Pour 2016, GMC veut notamment poursuivre sa stratégie d’acquisitions, comme l’an dernier, avec les rachats de l’agence France lab et de l’Institut des mamans. En revanche, les projets de lancements print comme Harper’s Bazaar ou un Stylist hommes sont en suspens, conjoncture oblige.

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