Télévision

Un sujet de 5 à 6 minutes sur l’affaire Bygmalion sera diffusé ce soir au 20h de France 2. Il s’agit d’un teaser avant la diffusion d’une enquête plus conséquente «avant le 1er décembre» dans la case d’Envoyé spécial, selon Télérama. La date initiale de diffusion, le 29 septembre, à l’occasion de la rentrée du magazine, défendue par les équipes, n’a pas été retenue par Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions. Une solution de compromis proposée par les équipes d’Envoyé spécial, appuyées par la SDJ de France 2, a été trouvé à travers ce long sujet au 20 heures pour sortir du conflit qui oppose la rédaction à la direction de l’information à propos de la diffusion de cette enquête sur le financement de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012.

 

Le Canard enchaîné du 7 septembre a accusé Michel Field, le directeur de l’information, d'avoir cédé à des pressions de Nicolas Sarkozy pour reporter la diffusion de l'enquête après la primaire de novembre. Des pressions évoquées aussi par les syndicats mais que Michel Field a "formellement démenties" mercredi.  Selon le Canard, l'ex-président a menacé France Télévisions, en cas de diffusion du sujet avant la primaire, d'annuler sa participation à l'"Emission politique" de David Pujadas et Léa Salamé le 15 septembre.

 

Le conflit s'est durci depuis plusieurs semaines, Elise Lucet réclamant une diffusion fin septembre sur laquelle Michel Field avait d'abord selon elle "donné son accord" avant de "changer d'avis" le 13 juillet - ce que réfute le directeur de l'info. Mercredi, après discussions entre Michel Field et Elise Lucet, France Télévisions s'est finalement déclarée prête à diffuser l'enquête "avant la fin de l'année" mais que sa sortie "sera commandée par l'actualité" et qu'elle "ne s'interdit rien" sur la date. Autre compromis, le JT de France 2 jeudi diffusera des extraits d'une interview exclusive de Franck Attal, un ex-dirigeant de Bygmalion, témoin-clé de l'enquête d'Envoyé Spécial. Mais "les discussions continuent" sur la date, a expliqué Elise Lucet à l'AFP.



L'entourage de Nicolas Sarkozy a également réfuté toute intervention mais s'est interrogé sur "le sens de la démarche" en plein débat des primaires et dans un contexte d'instruction judiciaire. "Je démens toute pression de Nicolas Sarkozy", a déclaré Véronique Waché, conseillère presse de Nicolas Sarkozy. "Nous n'avons pas souhaité répondre aux sollicitations d'un journaliste du pôle investigation de France 2 considérant que dans un contexte d'instruction judiciaire et de campagne des primaires, il y avait une interrogation sur le sens de la démarche", a-t-elle ajouté, précisant que Nicolas Sarkozy fera l'émission du 15 septembre.

Principes du journalisme

Michel Field s'est défendu mercredi de toute volonté de censure.  "En juin j'ai donné mon feu vert sur ce sujet sur Bygmalion", a-t-il dit.  "Puis fin juin-début juillet, j'ai dit à l'équipe que le sujet devait être prêt début septembre ou début décembre, car diffuser un sujet au moment où la primaire des Républicains bat son plein fait courir le risque d'instrumentaliser France Télévisions. Il n'était pas encore question de la venue de Nicolas Sarkozy dans l'Emission politique". "C'est ma position depuis le début, je n'y ai jamais dérogé", insiste-t-il, "ma préconisation est qu'on ne diffuse pas pendant les primaires, sauf si l'actu le commande", afin d'éviter qu'on puisse accuser France Télévisions de "coup politique".   "Mais je suis stupéfait d'être accusé de censure alors que c'est moi qui ai lancé le sujet Bygmalion et demandé un extrait au JT", a-t-il lancé.

"Nous ne comprenons pas cet argument de ne pas diffuser le sujet pour ne pas fausser la primaire", a réagi le délégué SNJ Serge Cimino, qui évoque lui aussi des pressions de Nicolas Sarkozy, en citant des sources internes. "C'est un bras de fer entre Elise Lucet, nommée pour son indépendance, face à un directeur de l'info qui semble avoir oublié les principes du journalisme. C'est un Clash Investigation. Il faut qu'il s'explique ou qu'il s'en aille", a-t-il déclaré à l'AFP. Michel Field a été visé en avril par une motion de défiance, la rédaction lui reprochant d'avoir cédé à des pressions de l'Elysée lors d'une émission avec François Hollande.



Lundi, le parquet de Paris a demandé le renvoi devant le tribunal correctionnel de Nicolas Sarkozy et de treize autre personnes dans le cadre de l'affaire Bygmalion de financement illégal de la campagne présidentielle de

2012 de l'ancien chef de l'Etat.

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.