Droits sportifs
Le géant mondial de la vente à distance, qui s'intéresse à Roland-Garros, envisage la retransmission d’événements sportifs en direct dans son offre de SVOD. Depuis le début 2016, les acteurs du web multiplient les accords de diffusion sur le sport.

Commander un tee-shirt, une tondeuse à gazon ou un disque dur pendant les pauses à Roland-Garros ? C’est peut-être ce que proposera bientôt Amazon. Selon le site Bloomberg, le géant américain de la vente à distance arrive sur le terrain de la diffusion en direct d’événements sportifs. Un genre qui viendrait compléter son offre de service de vidéo à la demande par abonnement (SVOD), constituée de séries originales, de documentaires, de dessins animés ou d'émissions de téléréalité.

«Amazon ne nous a pas contactés, rapporte à Stratégies Jérémy Botton, directeur général de la Fédération française de tennis, et notamment chargé de piloter le chantier du nouveau stade Roland-Garros. Mais nous sommes flattés et ravis qu’ils pensent à nous.» L’intérêt des géants du net pour le marché des droits sportifs ne surprend pas le dirigeant. «C’est une opportunité de développement sur de nouveaux territoires, ajoute-t-il. Et ils ne seront pas en concurrence avec les diffuseurs classiques.»

«Evolution inéluctable»

Cette année, leur arrivée sur le terrain des droits sportifs s’est accélérée. Depuis le printemps, Yahoo retransmet des matchs du championnat nord-américain de hockey sur glace (NHL). Quant au réseau social Twitter, il a diffusé en direct pour la première fois, jeudi 15 septembre, un match du championnat de football américain (NFL) via son player. You Tube, Dailymotion et Facebook retransmettent également du sport en direct.

«Tous ces opérateurs sont devenus des marques globales et des médias à part entière », explique Boris Helleu, directeur du master 2 de management du sport à l'université de Caen-Normandie. Ils cherchent des contenus pouvant toucher une audience large et globale. Le sport en est un.» Comme les séries exclusives, un autre genre sur lequel se positionnent ces plateformes en ligne.

«Cette évolution est inéluctable, assure Sven Lescuyer, directeur délégué aux sports de France Télévisions. Ces acteurs concentrent déjà un gros volume d’audience.» Mais le patron des acquisitions de la chaîne publique ne craint pas cette concurrence. « Les chaînes payantes sont les premières touchées, car des sites comme Amazon fonctionnent sur le même modèle économique, estime t-il. Les chaînes gratuites, elles, sont dans une logique de complémentarité. Notre intérêt est de diffuser nos contenus le plus largement.»

Netflix plus frileux

Facebook et You Tube offrent ainsi d’excellents relais... à condition de préserver le modèle économique, et que la chaîne conserve le contrôle sur la publicité. «Toutefois, nous privilégions aujourd’hui la signature de droits sur de longues durées», confie Sven Lescuyer. Une mesure de prudence, car nul ne sait comment évoluera l’appétit des nouveaux médias.

Cet été, en Allemagne, la société britannique Perform Group a lancé DAZN, une offre par abonnement consacrée au sport en direct, directement inspirée du modèle de Netflix. Justement, le colosse américain de la SVOD est absent du sport. Pour le moment. L'an passé, Ted Sarandos, le patron des contenus de l'entreprise, a en effet affirmé que le groupe n’écartait pas une offre de sport, mais «avec des événements sportifs que nous créerons !» A priori, Roland-Garros ne fait donc pas rêver Netflix.

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