Presse
Le 26 septembre dernier, Prisma Media a lancé la version française de Business Insider. Le président du groupe de presse, Rolf Heinz, détaille les ambitions et projets pour les mois qui viennent.

Comment Business Insider France s’intègre-t-il dans l’offre éditoriale de votre groupe?

ROLF HEINZ. Avec des marques comme Capital, Management et Harvard Business Review, qui ont chacune des concepts distincts, l’économie est un secteur au coeur du groupe Prisma Media que nous souhaitons développer. Business Insider France vient en complément. C’est une marque qui s’adresse à une cible plus jeune, les «millennials», par le biais de contenus divertissants et une approche plus didactique, populaire, virale, et moins institutionnelle. Ce lancement nous permet de renforcer notre position sur le segment de l’actualité économique, avec un positionnement grand public au démarrage. Business Insider France ne sera pas plus grand public que Capital, mais résolument plus jeune. L’objectif est d’atteindre le million de visiteurs uniques courant 2017.

 

Pourquoi le groupe Axel Springer, qui a racheté Business Insider en septembre 2015, n'a-t-il pas confié cette déclinaison à sa filiale française?

R.H. Il faut leur demander. Au départ, nous avons négocié avec Business Insider à New York. Mais le groupe Axel Springer a confirmé l'accord, après en être devenu l'actionnaire majoritaire. Il a estimé que nous étions le meilleur partenaire pour lancer ce site en France. Il s'agit d'une licence de marque assez classique, qui inclut aussi du contenu.

 

En quoi Infonity, une application axée sur la personnalisation que vous avez lancée au printemps, s’inscrit-elle dans votre projet de média du futur?

R.H. Inventer le média du futur est une ambition continue, qui ne peut être réduite à une application. L’une de nos missions est de devancer les envies et les besoins de nos utilisateurs au quotidien, ce qui passe par la personnalisation des contenus et la possibilité pour ces utilisateurs de s’informer et de se divertir avec plusieurs formats. Selon les individus, il y a un moment pour la lecture, un autre pour la vidéo ou l’audio, même si ce dernier format est encore peu développé en France. Notre offre doit également être de plus en plus contextuelle quant aux services et aux produits proposés, par exemple dans le secteur de la beauté, de la cuisine, de la parentalité, voire de l’économie.

L’application Infonity s’inscrit dans ce mouvement. C’est un média innovant, personnalisé avec  un choix de catégories qu'on peut prioriser et un algorithme qui pousse du contenu en fonction de l'usage de chaque utilisateur. Et nous n’en sommes qu’au début. Nous voulons intégrer davantage de contenus et d’offres contextuelles, avec de nouveaux partenariats. Nous travaillons déjà avec l'AFP ou Numerama. Depuis son lancement, Infonity totalise 68 000 téléchargements, 90 000 sessions en moyenne par mois, et plus de 500 000 pages vues. 

 

Cherchez-vous un accord avec un opérateur ou un équipementier, à l'instar du groupe éditorial Springer qui s'est associé à Samsung pour l'application Upday?

R.H. Nous ne voulons pas nous lier à un partenaire de façon à faire voyager notre application sur tous les supports mobiles. Mais un accord avec un opérateur peut être intéressant. Je ne l'exclus pas.

 

Récemment, vous émettiez des réserves quant à l’hégémonie de Google et Facebook sur le marché de la publicité mobile. Pourquoi ?

R.H. Aujourd’hui, nous travaillons naturellement avec les grandes plateformes mondiales, comme Google, Facebook, Snapchat ou Amazon. Nous voulons utiliser tous les canaux possibles de distribution pour proposer nos contenus et ainsi développer notre activité. En parallèle, se pose la question de la nécessité de nouer des alliances avec des groupes de médias locaux. Par exemple, il serait pertinent de créer des alliances autour de la data, pour proposer au marché publicitaire des solutions encore plus efficaces. Nous utilisons déjà des technologies communes, il serait donc envisageable d’offrir des solutions de communication ciblées, basées sur les données de plusieurs groupes média. Je ne vois pas d’inconvénient à être dans une compétition collaborative. Mutualiser nos données nous permettrait en effet d’être plus rapides. C’est aussi un élément important pour répondre au phénomène de l’ad-blocking.

 

En 2016, vous avez annoncé l’acquisition du groupe Cerise et, plus récemment, celle du site de tests Beauté Addict. Quelle est la place des acquisitions dans la stratégie de développement de votre groupe?

R.H. Pour réussir, il ne faut pas se limiter à un seul levier, "build vs buy" [croissance interne ou acquisition]. J’ai toujours privilégié les deux. Nous lançons de nouvelles activités digitales autour de nos grandes marques, lorsque nous en voyons le potentiel. C’est la raison pour laquelle nous avons construit la Newsroom-TV, et que nous développons aujourd’hui une activité vidéo autour de Télé Loisirs, Femme actuelle et Gala, pour laquelle nous allons lancer un plan de recrutement d’une cinquantaine de personnes, d’ici 2018. L’objectif est de monter en puissance quantitativement, mais aussi en matière de formats (tutos, émissions, etc.).

C’est dans cette logique que nous avons acquis en mai le groupe Cerise. Cette acquisition nous permet de devenir le premier groupe média en audience vidéo, avec entre 7 et 8 millions de vidéonautes chaque mois. Depuis la création de Prisma Media, il s’agit de l’acquisition la plus importante en matière d'investissement financier, ce qui montre l’envie de nos actionnaires [Bertelsmann, via Gruner + Jahr] d’investir en France. Nous venons également d’acquérir le site Beauté Addict, qui va être intégré à notre activité Femme actuelle. Cela va nous permettre de proposer à nos partenaires annonceurs des solutions de communication plus complètes. Nous sommes également sur d’autres cibles d’acquisition, mais il n'est pas certain qu’elles se réalisent d’ici la fin de l’année.

 

Quelle part représente le digital dans vos revenus?

R.H. En 2016, le ratio sera de 80% pour le print et 20% pour le digital. L’an prochain, nous passerons à 75%-25%. Les chiffres sont du même ordre pour le chiffre d’affaires et le résultat.

 

Vous ne faites pas partie des huit éditeurs présents au lancement de Snapchat Discover. Envisagez-vous de rejoindre cette plateforme de contenus premium?

R.H. Il n’y a pas de projet sur le point d’être lancé, mais notre philosophie est d’aller sur tous les canaux de distribution. Nous pouvons donc imaginer aller sur Snapchat. Nous sommes déjà présents sur les formats AMP de Google et Instant Articles de Facebook. C’est très petit par rapport à notre secteur d’activité : sans l’audience distribuée par les plateformes, nous touchons déjà 4,3 millions de visiteurs uniques par jour, et plus de 35 millions de Français sur nos marques, chaque mois. Mais ce mode de distribution de nos contenus nous apporte beaucoup en ce qui concerne l’expérience utilisateur.

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