Quelle est l’ambition de Criteo en Afrique ?
Dirk Henke. L’Afrique est un immense marché très divers avec une croissance très prometteuse. Alors que plusieurs pays africains ont souffert de la crise du pétrole récemment, la combinaison de la taille de leur marché - à la fois en ce qui concerne la population générale et le public connecté – ainsi que leur pouvoir d'achat, les rendent très intéressants pour nous. Même si Criteo est encore une jeune entreprise, nous avons l'Afrique depuis plusieurs années dans notre radar, après notamment avoir lancé notre première campagne sur le continent en 2013. Notre objectif est de devenir la plateforme de marketing à la performance préférée pour toutes les entreprises de e-commerce locales et internationales qui cherchent à développer leurs activités en Afrique.
Quelles sont les opportunités ?
D.H. Notre solution globale de publicité analyse les habitudes d'achats en ligne des clients de nos clients et crée des annonces personnalisées en temps réel, qui sont plus pertinentes pour les consommateurs que les annonces publicitaires classiques auxquelles ils sont habituellement exposés. Pour nous, il s’agit d'aider les entreprises de e-commerce à générer plus de ventes. Cela fonctionne très bien dans le monde, et l'Afrique ne fait pas exception. Et les conditions actuelles sont exceptionnelles pour la croissance du commerce en ligne. Prenez le Nigeria par exemple: la base d'utilisateurs d'internet était de 57,7 millions de personnes en 2014 et elle devrait croître jusqu’à 95,1 millions en 2020, selon les prévisions d’eMarketer. C'est presque deux fois plus d’internautes qu’en France. Avec de grands acteurs de l'e-commerce international ainsi que des acteurs locaux très dynamiques, nous voyons une opportunité d’affaires très importante.
Dans quels pays précisément ?
D.H. Comme mentionné, le Nigeria est un marché très intéressant pour nous car son potentiel de croissance du e-commerce en général est énorme. L'Afrique du Sud est un marché très mature. Nous le ciblons donc également. Et bien sûr, nous n’oublions pas les pays tels que la Tanzanie, le Kenya ainsi que l’Afrique du Nord.
L’Afrique représente-t-elle un marché intéressant dans le secteur du digital ?
D.H. L’e-commerce africain est à un carrefour excitant. J'ai récemment participé en tant que juge au premier prix e-commerce «Pricecheck» en Afrique du Sud et je vois un grand nombre de développements qui arrivent actuellement, avec plusieurs entreprises qui sont moteur de l’innovation et qui seront vitales pour la poursuite de la croissance du marché. Le mobile joue un rôle important pour la croissance du commerce électronique partout sur les marchés. Nous voyons par exemple que les grandes entreprises de e-commerce au Nigeria atteignent une part mobile de 39% parmi les ventes numériques, un niveau supérieur à la moyenne mondiale des détaillants selon le rapport de Criteo d'activité sur le commerce mobile au 1er semestre 2016. Avec les populations mobile et en ligne croissantes, cette tendance va se poursuivre et offrir de larges possibilités à l'industrie dans son ensemble.
Quelles sont les difficultés de ce marché ?
D.H. L'Afrique est énorme et donc les difficultés d’un pays à l'autre sont différentes. Le Nigeria par exemple a une grande base d’acheteurs en ligne potentiels, mais le marché n’est pas aussi développé que dans d'autres régions comme l'Afrique du Sud. Des entreprises comme Jumia, Konga, Yudala et diverses platesformes en ligne essaient, cependant, de stimuler le commerce en ligne nigérian. En Afrique du Sud, on observe de gros pics de ventes au moment du versement des salaires, ce qui est typique pour ce marché particulier. Il est important de connaître les particularités, comme celles-ci, pour soutenir les entreprises de e-commerce du mieux possible. Autre problème général : les fluctuations monétaires qui ont un impact énorme sur l'économie. Cependant, c'est une occasion également pour les canaux numériques; les consommateurs sont plus sensibles aux prix et veulent comparer les tarifs et les produits avant d'acheter. Notamment dans des situations de marchés complexes, des solutions comme celles de Criteo qui aident les entreprises de e-commerce à vendre plus, sont d'une plus grande valeur pour les détaillants.
Comment est constitué l’écosystème e-commerce dans les pays visés ?
D.H. Il y a le groupe Naspers par exemple, qui a sa maison mère en Afrique du Sud et certaines des plus grandes sociétés d'e-commerce du monde qui fonctionnent déjà dans plusieurs marchés en Afrique. En outre, vous avez plusieurs acteurs locaux dynamiques qui proposent des innovations. Avec les taux élevés de croissance numérique de nombreux marchés africains, les entreprises rencontrent des conditions parfaites pour accompagner le boom de l’e-commerce.