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Accusés d'avoir joué un rôle trop grand dans l'élection américaine, les deux géants du web ont annoncé vouloir couper la publicité aux sites propageant de fausses informations. Une décision plutôt bénéfique au premier regard, mais qui pose tout de même question sur leur influence.

Une décision qui fera date. Google et Facebook ont pris des mesures mardi 15 novembre pour couper les revenus publicitaires des faux sites d'informations, une décision prise après les critiques dont ont été l'objet les deux géants d'internet pour leur rôle supposé dans l'élection de Donald Trump.

«Nous travaillons à une mise à jour de nos politiques de publication et allons commencer à interdire les publicités de Google sur les contenus trompeurs, de la même manière que nous interdisons les publicités mensongères, a indiqué Google dans un communiqué à l'AFP. A l'avenir, nous allons restreindre les publicités sur les pages qui dénaturent ou masquent les informations sur l'éditeur, ses contenus ou le but premier du propriétaire du site.»

Mise à jour des conditions d'utilisation 

Dans une interview à la BBC, le PDG de Google Sundar Pichai a reconnu qu'il y avait «eu plusieurs incidents» dans lesquels de fausses informations avaient été signalées «et nous n'avons pas pris les bonnes décisions, a-t-il ajouté. C'est donc un moment d'apprentissage pour nous et nous allons vraiment travailler pour régler ça.»

Interrogé sur la possibilité que les faux sites d'information aient pu influencer le vote de certains électeurs à la présidentielle américaine, il a répondu «Bien sûr. Je pense que les fausses informations dans leur ensemble peuvent être un problème. De notre point de vue, les fausses informations ne devraient pas être distribuées, donc nous sommes tous d'accord qu'il faut que les choses s'améliorent», a-t-il reconnu.

De son côté, Facebook va mettre en place une politique identique, selon un porte-parole. «Nous n'intégrons pas ou ne montrons pas de publicités dans des applications ou des sites dont le contenu est illégal, trompeur ou mensonger, ce qui inclut les fausses informations, a noté un communiqué du réseau social. C'était jusqu'à présent sous-entendu, mais nous avons mis à jour notre politique pour clairement exprimer que cela concerne les fausses nouvelles. Notre équipe va continuer à surveiller tous les éditeurs potentiels et surveiller ceux qui existent pour s'assurer qu'ils suivent ces directives», a-t-il encore indiqué.

Faux appels à la guerre civile

La victoire de Donald Trump à l'élection présidentielle américaine le 8 novembre a mis en lumière le rôle des médias en ligne et des réseaux sociaux, notamment au regard des informations fantaisistes qu'ils permettent de répandre. Parmi les fausses informations partagées en ligne, une affirmait que la candidate démocrate Hillary Clinton appelait «à la guerre civile si Trump était élu». Une autre disait: «Le pape François choque le monde, soutient Donald Trump à la présidentielle.»

Lundi 14 novembre encore, les internautes cherchant sur Google tombaient sur une fausse information selon laquelle Donald Trump avait remporté le vote populaire en plus de sa victoire chez les grands électeurs. Il a effectivement gagné chez ces derniers, mais Hillary Clinton a recueilli davantage de suffrages populaires. Les chiffres, mis en avant par un blog intitulé 70 News, contredisent clairement les résultats officiels communiqués par les Etats.

Cette décision de Google et Facebook fera date, et, même si elle peut être considérée positivement dans le cas de fausses informations, elle pose tout de même la question de leur poids dans le débat public. Leur influence sur la propagation de l’information et sur les moyens de pression pour faire taire les propagandistes reste soumis à l’ultime définition du «mensonge» et de la «vérité».

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