Télévision
Le directeur général de la chaîne d'info du groupe TF1 estime que son relancement est un succès. Selon lui, la grève à I-Télé a «un peu» profité à l’audience de LCI. Il annonce qu'il s'apprête à renforcer sa grille le week-end et en matinale.

Le mois de grève d’I-Télé, en novembre, a fait au moins un heureux: LCI. Relancée en septembre après un passage en gratuit sur le numérique hertzien quelques mois plus tôt, la chaîne d'info a réussi sa rentrée: 0,6% de part d’audience, devant I-Télé, qui a chuté à 0,4%. Toutefois, prétendre que LCI s'est contenté de profiter du mouvement social de sa concurrente serait réducteur selon Thierry Thuillier, invité lundi 12 décembre de l’Association des journalistes médias. «Cette grève a été un accélérateur. Mais pour LCI la dynamique avait déjà été lancée avant», insiste le directeur général de la chaîne du groupe TF1.

Thierry Thuillier avance des chiffres: «Nous étions à environ 20 000 téléspectateurs par quart d’heure moyen en août, et déjà à 40 000 avant le début de la grève. Aujourd’hui, nous sommes entre 50 000 et 55 000 téléspectateurs. Il y a eu forcément un report, mais nul ne sait de combien.» 

Le patron de LCI met en avant 24 heures en question (de 18h à 20h en semaine), l'émission animée par Yves Calvi: «La progression est de 400%, avec jusqu’à 250 000 téléspectateurs», se réjouit-il. «Il existe un potentiel autour de l’émission et une marge de progression», confie Thierry Thuillier, qui lancera bientôt un 24 Heures en question le samedi avec Bénédicte Le Chatellier. «Nous allons aussi travailler les week-end ainsi que les matinales, car une chaîne d’info, c’est une chaîne du matin», indique t-il en soutenant un modèle éditorial à l’opposé du «hard news». «On peut faire du magazine en traitant de l’actualité, assène-t-il. Nous pouvons casser l’horloge avec un rythme de chaîne quasi généraliste.» C’est-à-dire sans un rappel incessant des infos tous les quarts d’heure. «En restant dans le temps réel, je ne vois pas comment pourraient progresser les chaînes d'info», assure le dirigeant, qui fait référence à la suprématie de BFM TV sur son marché.

i-Télé, un gâchis

Le dirigeant n'exclut pas, toutefois, d'adapter sa ligne éditoriale si la future CNews (ex-iTélé) se concentre sur un positionnement multithématique (cinéma, sport, culture...). Il pourrait, en ce cas, accentuer la part d'info chaude sur LCI. "On est en course pour être la deuxième chaîne d'info de France alors que ce n'était pas gagné il y a quelques mois", souligne-t-il, en précisant au passage qu'il n'aurait jamais recruté Jean-Marc Morandini, qui ne correspond pas à "la promesse de valeur d'une chaîne d'info".

 "Chez I-Télé, c'est du gâchis", a-t-il également commenté à propos de la filiale de Canal+, qu'il a dirigée en 2008. "Ce que j'ai vu est le symbole des nouvelles relations entre un actionnaire et des rédactions. Avant, on disait qu'il ne fallait pas toucher aux journalistes. Aujourd'hui, on y touche sans aucun état d'âme et avec beaucoup de brutalité", a estimé l'ex-directeur de l'information de France Télévisions.

Ne pas ressembler à BFM TV

«Notre modèle ne peut pas ressembler à celui de BFM TV. Mais notre métier c’est aussi de traiter l’info quand elle se passe», souligne Thierry Thuillier en réponse à Alain Weill. Ce dernier, président de Next Radio TV (BFM TV), s'est tourné vers le CSA pour reprocher à LCI d’avoir fait du «breaking news» lors de l’annonce de la démission d’Emmanuel Macron du gouvernement.

Le directeur général de LCI est confiant pour la suite et affiche des objectifs ambitieux: il compte atteindre 0,6% de part d’audience moyenne en 2017 et 1 point en 2018, c’est-à-dire le «point mort» économique de la chaîne.

«La diversification est importante dans notre modèle, et notamment le numérique», explique Thierry Thuillier qui, outre 150 journalistes permanents antenne s’appuie aussi sur 59 autres travaillant sur les supports numériques. LCI bénéficiera d’une nouvelle application d’ici à «un mois ou un mois et demi», où l’information en temps réel, en dépêches, photos ou vidéos, sera privilégiée. Cela passe par une refonte de l'édition permanente" au sein de l'application, qui accueillera des vidéos de TF1 et LCI mais aussi de sources extérieures. Enfin, dans la perspective de l'élection présidentielle, la chaîne réfléchit à un nouveau programme politique d'abord conçue et diffusée en live, en partenariat avec un réseau social, et adapté sur l'antenne. «Nous devons tenir notre promesse éditoriale de chaîne d'info.», conclut Thierry Thuillier.

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