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Voté de justesse et dans une ambiance électrique, ce plan de restructuration doit permettre à l’ex-Pages Jaunes de réduire sa dette de 1,16 milliard à 400 millions d’euros.

Le plan de restructuration de la dette du groupe Solocal, héritier de Pages Jaunes, a été validé de justesse jeudi 15 décembre par l'assemblée générale extraordinaire des actionnaires (AGE) dans une ambiance électrique marquée par des difficultés de votes qui ont failli faire échouer la direction. La première des sept résolutions concernant le plan a en effet été dans un premier temps rejetée, n'atteignant pas les deux tiers nécessaires du quorum, avant qu'elle ne soit de nouveau proposée aux votes pour être finalement validée de justesse, à 66,95%.

Le rejet d'une seule de ces résolutions aurait entraîné le rejet total d'un plan qui doit permettre de réduire la dette du groupe de 1,16 milliard d'euros à 400 millions d'euros, un niveau considéré comme soutenable par la direction. La situation a fait monter un peu plus la tension dans une AGE déjà marquée par les invectives entre intervenants, dans une ambiance très tendue alors que de nombreux salariés, inquiets pour l'avenir de leur entreprise mais également actionnaires, étaient présents dans la salle. À l'issue de la validation du plan par les actionnaires, une partie de la salle s'est levée pour applaudir la direction de Solocal, visiblement soulagée du résultat.

Le président du conseil d'administration, Robert de Metz, a remercié les actionnaires avant la poursuite des votes des résolutions, déposées cette fois par les opposants au projet, et qui ont toutes été rejetées. En début d'assemblée générale, le représentant des créanciers du groupe avait rappelé la volonté de ces derniers de demander le remboursement accélérée de la dette en cas du rejet du plan par les actionnaires, assurant qu'il «n'existe aucune alternative. Aucune renégociation de ce plan n'est possible il n'y aura pas de retour en arrière». Sans succès, et parfois sous les sifflets, deux des principaux actionnaires du groupe, opposés au plan de la direction, Benjamin Jayet puis Didier Calmels, ont tenté de démontrer que ce dernier risquait de ne rien résoudre sur le long terme.

Recours en vue

Les deux investisseurs avaient réussi à regrouper autour d'eux environ 10% du capital et espéraient non seulement faire rejeter le plan mais également renouveler le conseil d'administration de Solocal. «L'entreprise ne pourra pas supporter ce plan», a martelé Didier Calmels, pour qui un éventuel rejet du plan aurait fait «jurisprudence» en mettant un terme définitif aux montages de rachat d'entreprise à effet de levier, c'est-à-dire par emprunt et en faisant porter cet emprunt par l'entreprise rachetée, cause de l'endettement aujourd'hui de Solocal.

«Le plan n'est pas idéal», a reconnu Robert de Metz juste avant le vote des résolutions, «mais nous sommes parvenus à un accord et il nous permet d'éviter le pire. C'est un vote absolument vital pour l'avenir de l'entreprise». Reste que la validation du plan par les actionnaires, après avoir été approuvé par les créanciers deux semaines plus tôt, ne permet pas encore au groupe de voir l'avenir sereinement, alors que des recours semblent se profiler de la part de plusieurs actionnaires majoritaires.

«Bande organisée»

Avant même la tenue de l'AGE, Didier Calmels avait assuré qu'il attaquerait la décision prise par cette dernière en cas de validation du plan, une volonté renforcée par les incidents de vote qui ont vu ce dernier être dans un premier temps rejeté avant d'être finalement validé. «Nous ne nous laisserons pas faire, nous irons jusqu'au bout. C'est une tentative de hold-up en bande organisée, un comportement de voyous», avait-il dénoncé mercredi auprès de l'AFP. 

Cette assemblée générale extraordinaire s'est tenue près de deux mois après une première réunion le 19 octobre qui avait vu les actionnaires rejeter un précédent plan de désendettement proposé par la direction. Cette première AG avait abouti à une recomposition partielle du conseil d'administration, avec l'entrée de plusieurs représentants de l'association Regroupement PP Local, qui menait la fronde des petits porteurs opposés au plan de renflouement.

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