L'Agence France Presse a annoncé mardi 20 décembre qu'elle lançait une API, ou interface de programmation, à destination des start-up. Créée dans la continuité de l'expérience d'accélération de l'innovation menée au sein du Numa, cette interface vise à permettre aux start-up d'utiliser les contenus photos, textes, infographies ou vidéos de l'Agence, et d'innover à travers elle. L'AFP a également annoncé qu'elle allait travailler de façon transversale en rassemblant ses équipes marketing et rédactionnelles de façon à créer de nouveaux formats qui se rapprochent des besoins de ses clients. Une offre de datavisualisation a ainsi été commercialisée aux Etats-Unis à l'occasion des élections. Elle devrait être expérimentée en France lors de la Présidentielle. De nouveaux formats spécifiques pour mobile ont aussi été évoqués devant la presse par Emmanuel Hoog, le PDG de l'AFP, qui a fait de la vidéo et de "la différenciation par le sport" les deux axes majeurs de développement de l'agence.

1000 nouveaux clients d'ici cinq ans

Sur la vidéo, l'AFP emploie actuellement 300 contributeurs, dont 150 JRI. Le fil AFP vidéos, en construction depuis 2010, est aujourd'hui "de qualité mondiale", selon le patron. 250 chaînes sont abonnées dans le monde et 350 autres achètent des images de façon régulière. 1800 à 1900 chaînes, au total, sont susceptibles d'être intéressées. Il reste néanmoins à progresser, selon Emmanuel Hoog, sur la vitesse d'édition et sur la livraison de certains formats, notamment mobiles. Après la mise en place de AFPTV Live, en 2016, il s'agit d'adapter l'offre commerciale aux nouveaux acteurs digitaux et aux plateformes mobiles. 

L'Agence entend aussi accentuer son positionnement sur le sport. "Il faut assurer qu'on ne ratera rien du hard news mondial et en même temps être différenciant, a expliqué le PDG. Nous sommes réputés avoir un regard plus humain, plus proche du terrain. Nos clients font le choix de la qualité et de la fiabilité, mais face à nos concurrents, à un même niveau de qualité, Reuters apporte de la profondeur sur l'économie et la finance, et AP plus de granularité sur les Etats-Unis. Nous avons la capacité de couvrir de façon importante le sport avec une finesse que les autres n'auront pas, notamment sur le foot en Europe".

L'idée est d'accroître le nombre de clients - 4827 en 2016 - en ayant une politique tarifaire attractive sur les abonnements. Le plan de développement commercial vise notamment la conquête de mille clients nets d'ici 2021 (dont 15% dès 2017), surtout à l'international. C'est un plan "ambitieux mais atteignable", selon le PDG, dont l'objectif est aussi de diminuer le poids relatif des 50 plus gros clients de l'agence, qui pèsent plus de 30% du chiffre d'affaires. Vis-à-vis des clients médias, et notamment de presse, qui demandent des réductions de prix, il s'agit de développer une offre de licence globale (texte, photos, infographies, vidéos) permettant de stabiliser leur engagement financier. 

Corporate, sport et vidéo

L'AFP réalise actuellement 13,5 millions d'euros de recettes sur la vidéo, pour un chiffre d'affaires total de 295 milllions d'euros (dont 110 millions d'euros proviennent de l'Etat au titre de la mission d'intérêt général et 20 millions d'euros de contrats commerciaux liés à sa sphère). Le sport représente 43,1 millions d'euros de recettes, soit près d'un quart du chiffre d'affaires total de l'agence.  Emmanuel Hoog a également souligné l'important potentiel de croissance du corporate (AFP Services et clientèle entreprises) qui représente environ 10% du chiffre d'affaires de l'agence contre 20 à 30% chez ses concurrents. C'est aussi le cas de la vidéo (20% du chiffre d'affaires contre 50% chez les concurrents).

L'Agence France-Presse prévoit pour 2017 une légère hausse de 1% de son chiffre d'affaires hors ressources provenant de l'Etat, tiré par ces deux domaines. Le Conseil d'administration a approuvé un budget 2017 qui table sur une marge d'exploitation de 15,1 millions d'euros, un résultat net à l'équilibre et un chiffre d'affaires de 300 millions d'euros (en incluant la dotation de l'Etat). Il a en outre approuvé à l'unanimité le nouveau plan de développement commercial 2017-2021, qui table sur des recettes commerciales en hausse, à 172 millions d'euros pour 2017.

En 2017, la dotation de l'Etat progressera de 5 millions d'euros par rapport à la loi de finances initiale pour 2016, qui s'ajouteront à la dotation de 110 millions d'euros. Selon Emmanuel Hoog, les moyens seront consacrés en priorité à la vidéo et au sport.





Un budget irréaliste selon le personnel

Les représentants du personnel ont voté contre le budget de l'AFP, jugeant "irréalistes" les objectifs de chiffre d'affaires de la vidéo (+38,8% par rapport à 2016) et d'AFP-Services (+15% alors que son chiffre d'affaires a baissé de 6% en 2016). Ce budget qui prévoit un résultat net à l'équilibre est "comparable aux budgets précédents, tous s'étant soldés par des pertes importantes" qui "étaient dues à des recettes commerciales pas au rendez-vous, malgré des efforts sur l'ensemble des charges, y compris de personnel", affirme un communiqué. Selon les délégués du personnel, les estimations de résultats pour 2016 montrent une perte de 5 millions d'euros pour l'AFP. Des négociations avec les organisations syndicales sont par ailleurs en cours pour un grand accord d'entreprise qui remplacera les 117 accords sociaux en vigueur jusqu'à présent et qui devraient s'achever en février 2017.

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