Production
Le premier producteur TV indépendant en France, qui a construit son groupe Troisième Œil Productions avec des émissions pour les petites chaînes, a changé de stature avec le fond Mediawan.

«Plus que des compétences, Pierre-Antoine Capton affichait une telle détermination que je l’ai pris tout de suite», se souvient l’animateur Marc-Olivier Fogiel, qui n’avait pourtant «pas l’habitude d’engager au premier rendez-vous». Le producteur du magazine TV+, sur Canal+, a ainsi lancé il y a vingt ans le jeune Trouvillais dans le paysage audiovisuel. Où sa détermination lui a permis de bâtir en une quinzaine d’années le premier groupe indépendant de production TV. Puis de créer avec le patron d’Iliad, Xavier Niel, et le banquier d’affaires Matthieu Pigasse le fond d’investissement dans les médias Mediawan. «Cette détermination est toujours là, admet Pierre-Antoine Capton. Se remettre en cause, ne jamais se reposer, aller de l’avant et vouloir le meilleur, ça ne m’a jamais quitté. C’était peut-être de l’ambition. Pour moi, c’est de la détermination.»

«La bonne entrée»

Ce trait de caractère n’a pas forcément toujours été apprécié de tous. «L’équipe de Canal+ qui m’a suivi en 2000 sur France 3 pour On ne peut pas plaire à tout le monde n’en voulait pas, lui reprochant son côté premier de la classe, poursuit Marc-Olivier Fogiel. Mais il a dû s’en débarrasser, ironise-t-il, nombre d’entre eux ayant travaillé par la suite à Troisième Œil.» Certains concurrents soulignent sa difficulté, malgré plusieurs tentatives sur France 2 avec Vous trouvez ça drôle ou Ce soir à la tour Eiffel, à fournir «un produit spectaculaire à une chaîne de grosse audience» comme l’appelait de ses vœux dans nos colonnes Philippe Labro, qui avait choisi Pierre-Antoine Capton comme Talent de demain en 2011. «Les Carnets de Julie sont leaders chaque samedi, C à vous leader entre 19 et 20heures, Ça Balance à Paris…, je souhaite autant de succès à mes concurrents», rétorque le producteur.

Un entrepreneur qui a démarré son activité en 2001 avec des programmes à bas coût pour des chaînes comme TPS Star et Paris Première. «Il fallait trouver la bonne entrée, analyse-t-il. J’ai visé le câble car personne ne s’intéressait à ce secteur.» Après le système D, il a décroché pour la saison 2009-2010 la quotidienne C à vous sur France 5. Un Graal pour le producteur, au plan économique ou pour se constituer un carnet d’adresses et rencontrer de futurs proches, comme Xavier Niel ou la communicante Anne Hommel. «En ramassant des miettes, il a réussi à se fabriquer un bon gâteau», résume Marc-Olivier Fogiel. «C’est sa marque de fabrique», reconnaît Fabrice Pierrot, qui a dirigé plusieurs de ses émissions et travaille encore sur le développement de productions. «Pierre-Antoine est malin pour trouver des images gratuites plutôt que de les acheter, prendre moins de monde… A C à vous, je parlais de rédaction couteau suisse. Mais il ne paie pas moins que les autres.»

Fidélité

D’ailleurs, «des piliers historiques de Troisième Œil l’accompagnent depuis le début», constate un jeune collaborateur. Cette fidélité se retrouve dans son attachement à Trouville-sur-Mer, sa ville natale. «On se retrouve souvent pour prendre un café, confirme le journaliste Guy Birenbaum, qui réside dans la même rue. Le succès n’a pas changé ses habitudes.» D’autant qu’il peut y poursuivre ses activités. Pierre-Antoine Capton a travaillé ces dernières années avec des Normands d’adoption, comme Karl Zéro et Bruce Toussaint. Et il a récemment acheté les droits de Vous m’avez manqué, histoire d'une dépression française le dernier ouvrage de son voisin Guy Birenbaum. Bien déterminé à l’adapter en fiction.

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