Le rideau de fer est tombé. Vendredi 3 mars, Le Grand Journal, programme emblématique de Canal+, s’arrêtera. Successeur de Nulle part Ailleurs, le talk-show était depuis douze ans la vitrine de « l’esprit Canal ». Cette tête de gondole était jugée stratégique pour séduire des abonnés potentiels. Mais, cette vision marketing, Vincent Bolloré n’y croit pas une seconde. Elle avait même été qualifiée de « blague » par le patron de Vivendi, maison mère de Canal+, lors de son audition devant la commission de la Culture du Sénat.
« Il n'y a pas un groupe de télévision cryptée dans le monde qui fait du clair. Quand on est les seuls à faire un truc et qu'on perd 400 millions d'euros, il faudrait quand même s'interroger, avant d'aller donner des leçons au monde, si le modèle qu'on suit est le bon », avait-il alors déclaré. La volonté de Vincent Bolloré est donc de réduire les programmes en clair. En juin dernier, l’industriel avait annoncé la couleur : « une ou deux heures par jour » en semaine contre cinq heures actuellement !
La chute des audiences du Grand Journal a précipité, et sans doute aidé, les décisions. Avec une part d’audience moyenne de 0,6%, le magazine ne rassemblait plus que 124 000 téléspectateurs, contre 1,5 million il y a quatre ans. « Le coût de cette émission est important rapporté à sa faible audience », précisait Gérald-Brice Viret, directeur des antennes de Canal+ dans Les Échos.
Sus au gratuit
Le Grand Journal mort et enterré, Canal+ débute donc maintenant ses programmes en clair à 19h30. Avant, la chaîne a ajouté une case cinéma… réservée à ses abonnés. Ensuite, en gratuit, se succèdent désormais Le Journal du cinéma, Le Gros Journal, Le Petit Journal, Catherine et Liliane et Les Guignols, avant le retour des programmes cryptés vers 21h00.
Fermer des tranches en clair, c’est aussi faire une croix sur des recettes publicitaires. «L’avant-soirée pèse 16% du brut, observe Philippe Nouchi, directeur des médias chez Publicis Media. Cela ne signifie pas que Canal+ perdra 16% de recettes ! Cela dépendra des audiences des émissions restantes et aussi du nombre d’écrans diffusés ». Avant 19h30, seuls deux écrans publicitaires sont fermés : ils pesaient à peine plus de 2% des recettes totales. Rien de dramatique.