Presse
Les journalistes sont moins nombreux (près de 35 000 aujourd'hui), et ont des carrières courtes, de quinze années en moyenne. Un métier qui se féminise également selon une étude qui vient d'être présentée aux Assises du journalisme.

Le nombre de journalistes a encore baissé en France l'an dernier, dans un contexte toujours marqué par des plans de départ mais aussi par la montée en puissance des rédactions web qui entraîne un changement de profil des recrues, selon une étude présentée jeudi 16 mars aux Assises du journalisme. Fin 2016, il y avait 35 238 journalistes titulaires de la carte de presse, soit 690 de moins qu'à fin 2015, selon les données de la Commission de la carte (CCIJP) citées dans le «baromètre sur l'emploi des journalistes», réalisé par le sociologue spécialiste des médias Jean-Marie Charon.

Parmi les journalistes titulaires de la carte, plus du quart a un statut précaire (pigiste et demandeur d'emploi) et un peu moins de la moitié (46%) sont des femmes, note l'étude. En revanche, plus de la moitié (54%) des premières demandes sont faites par des femmes, ce qui tend à confirmer la féminisation de la profession.

 

Des compétences multisupports


Les carrières de journalistes sont plutôt courtes : 15 ans en moyenne selon des données de la chercheuse Christine Leteinturier reprises dans l'étude, qui cite l'exemple du Midi Libre«parmi la grosse quarantaine de partants on observe des projets de créations de médias, des reprises d'études, des projets professionnels vers d'autres secteurs...»

Et le profil des nouvelles recrues dans les médias change : elles doivent avoir des compétences multisupports et n'ont pas toujours le statut de journalistes et les avantages qui y sont liés, souligne l'étude qui mentionne un «évitement des droits d'auteurs, voire de la clause de cession».

«Lors de PSE et plans de départs volontaires s'exprime clairement l'intention de faire partir les journalistes de médias traditionnels au profit de nouveaux profils: "experts", dit-on à La Voix du Nord. Ceux-ci sont-ils journalistes ?, s'interroge l'auteur de l'étude, qui cite également l'exemple des nouvelles recrues du groupe La Dépêche, des voltigeurs devant passer d'une rédaction à l'autre».

 

45 journalistes en CDI à Mediapart

 

Parallèlement, les pure players continuent de monter en puissance et d'embaucher: Mediapart emploie ainsi 45 journalistes en CDI et le Huffington Post 30, rappelle l'étude.L'année dernière, le secteur a connu «un nombre important de dépôts de bilan [...] voire de disparitions de titres ou médias (Terra Eco, Pariscope, La Liberté de Comminges, Yagg.com)», pour quelques créations (Médiacité, Explicite, Mellow ...) ou la relance de Têtu.

Dans les news magazines, dont la diffusion a baissé de près de 10% en 2016, «il faut rappeler la perte de l'ordre de 65 journalistes à L'Express, alors qu'à L'Obs, le PSE concerne au minimum 31 postes. A suivre également le plan de relance de Marianne, même si la rédaction semble déjà a minima [une trentaine]», note l'étude.

 

92 départs à I-Télé/C-News

 

Le baromètre revient aussi sur la crise à I-Télé, devenue C-News, où le conflit entre la rédaction et la direction s'est soldé «par le départ de 92 journalistes. Ceux-ci ne sont pas compensés par la quinzaine d'embauches réalisées depuis et la promesse d'une vingtaine supplémentaires d'ici la rentrée».

Parallèlement, entre le dynamisme de Next Radio TV (BFM, RMC), «qui en 5 ans a créé 173 postes de journalistes dans ses différentes antennes», le passage de LCI en gratuit, des embauches chez France Médias Monde (France 24 et RFI) et le lancement de Franceinfo, «le secteur de l'information en continu emploie un peu plus de 1700 journalistes, avec la création de près de 250 emplois au cours des dernières années», souligne le baromètre.

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