Radio
Arnaud Lagardère a débauché Frédéric Schlesinger, numéro 2 de Radio France et probablement Emmanuel Perreau de France Inter pour redresser la barre d’Europe 1. À eux de trouver la bonne stratégie pour sauver la station et attirer les têtes d’affiche.

Les hommes de radio ont parfois plusieurs vies. Frédéric Schlesinger, numéro 2 de Radio France depuis 2014, ex-directeur des programmes de France Inter (2006-2009) a passé quatre ans à la tête du pôle FM du groupe Lagardère (Europe 2 et RFM) de 1997 à 2001. Il est aussi l’auteur du tube Je ne veux pas rentrer chez moi seule, du groupe Regrets, qui cartonna en 1983. Avec qui retournera-t-il au pôle radio où l’a promu Arnaud Lagardère pour rebooster Europe 1 ? Emmanuel Perreau, directeur des programmes et de l’antenne de France Inter, serait dans ses bagages. Même si à l’heure où nous bouclons, rien n'est confirmé. Seul Mathieu Gallet, patron de Radio France, s’est adressé aux salariés le 27 avril. «Aujourd’hui, ces magnifiques résultats laissent croire à nos concurrents qu’ils peuvent résoudre leurs problèmes en s’attachant les services de certains de nos talents. Nous devons le considérer comme un hommage à notre réussite collective.»

S’inspirer de la grille florissante de France Inter pour doper une Europe 1 au plus mal? La stratégie tient la route. «La baisse d’Europe 1 est assez forte mais ce qui est assez inquiétant, c’est qu’elle touche davantage les cibles publicitaires privilégiées des généralistes. Et cette baisse s’est accentuée au premier trimestre 2017 », analyse Philippe Nouchi, directeur de l’expertise media chez Publicis Media. En audience moyenne, la radio perd en un an 16,5% sur les responsables des achats de moins de 60 ans et sur les 25-59 ans, alors qu’elle perd 10 % sur les 13 ans et plus. La matinale, qui résistait bien, a atteint son plus bas historique avec 902 000 auditeurs sur le 6h-9h. «Par un phénomène de contagion, l’érosion touche toutes les tranches», renchérit Jean-Pierre Cassaing, directeur du département audio chez Havas Group.  

Relancer la station

On comprend qu’Arnaud Lagardère ait voulu frapper un grand coup. Recruter Schlesinger (qui ne sera pas remplacé, selon nos informations), c’est aussi afficher l’envie de vouloir redevenir la radio de référence des CSP+, une cible qui représente 15% de la part d'audience de France Inter contre 6% de celle d'Europe 1. «Schlesinger est un très bon professionnel de la radio, qui a la préoccupation incessante du rythme de l’antenne, il sait swinguer entre profondeur et légèreté», explique un concurrent. «Denis Olivennes a été écarté de la présidence d’Europe 1 [Arnaud Lagardère reprenant lui-même ce poste] pour laisser à Schlesinger les coudées franches, analyse un connaisseur du dossier. Depuis son arrivée, les changements incessants de grille avaient vraiment fragilisé Europe 1. Et le départ de Laurent Ruquier a accéléré cette récession.» Frédéric Schlesinger va devoir donner des signes forts sur deux ou trois rendez-vous phares dont la matinale, le 9h-12h et la tranche 16h-18h. «Il doit redonner un positionnement à la radio et retrouver un programme fédérateur et rock’n'roll d’après-midi, pour les jeunes notamment. Arthur et Coluche étaient sur Europe 1», rappelle Jean-Pierre Cassaing.

Avec qui partira-t-il de France Inter? Les noms de Nicolas Demorand, Nagui et Sonia Devillers ont été évoqués. Selon nos informations, ils resteront fidèles à France Inter. Seul Patrick Cohen s’interroge encore.

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