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Anne Durupty, directrice générale d'Arte France et vice-présidente d’Arte GEIE, revient sur les actualités en France et dans le monde de ces dernières semaines.

Arte ambitionne de diffuser ses programmes sur Internet dans toute l’Europe

Le numérique est une opportunité formidable. Il nous permet de nous libérer des frontières. A travers Arte+7, les deux tiers des programmes sont d’ores et déjà disponibles à l’échelle du continent. Cette proportion croît au fil des droits, notamment pour le cinéma. L’autre étape est de franchir la barrière linguistique née de la diversité de l’Union. On ne pense pas que proposer des fictions en anglais à tout le continent est une façon de développer la culture européenne. Il faut respecter les langues et les cultures. Nos programmes sont européens à 85%. Depuis fin 2016, on a une offre qui bénéficie d’un soutien financier de l’UE avec des sous-titres en français, allemand, anglais, espagnol, polonais et, dès 2018, italien.

Canal+ démarre une nouvelle grille sans Le Petit Journal

Le big bang a plutôt eu lieu l’an dernier. La substantifique moelle du Petit Journal a été emmenée par Yann Barthès sur TMC avec un succès remarquable. Arte est très en dehors du mercato et nous nous positionnons très peu par rapport à la concurrence: nous avons une ligne éditoriale très spécifique et notre programmation est pensée pour un public français et allemand.

Walmart s’allie avec Google pour concurrencer Amazon

Le développement de ces gros distributeurs [lire Walmart et Google main dans la main contre Amazon] qui échappent aux régulations européennes, notamment sur le plan fiscal, est un enjeu majeur. Cela pose la question de la dépendance pour accéder à nos publics. Nous cherchons, de notre côté, à rassembler des partenaires européens pour être plus pertinents face à des acteurs de cette taille-là. Cette dépendance se double d’une autre, vis-à-vis des opérateurs télécoms, qui rassemblent en France plus de la moitié de la réception de la télévision. La réglementation peut avoir prise sur eux: l’obligation du must carry est, pour l’heure, limitée à la télévision linéaire et ne prend pas en compte les offres de rattrapage.

La fuite sur le web de l’avant-dernier épisode de la saison 7 de Game of Thrones

Cela souligne la valeur considérable de ces biens immatériels. C’est difficile de les protéger. On devrait intensifier les systèmes de lutte contre la piraterie, qu’il s’agisse de crime organisé quand des œuvres sont prises en otage avec demande de rançon, ou qu'il s'agisse de consommation individuelle illicite. Il y a aussi les attaques informatiques, comme celles qu'avait subies TV5. Dans le budget 2017 d’Arte, plusieurs centaines de milliers d’euros sont consacrées au renforcement des mesures de sécurité informatique.

Apple va investir 1 milliard de dollars pour produire ses propres séries, selon le Wall Street Journal

Cela me paraît plutôt une bonne chose qu’il y ait un concurrent à Netflix. Le chiffre donne le vertige… Nous, c’est 35 millions d’euros pour la fiction, et on parle de nos œuvres au niveau mondial. Top of Lake de Jane Campion est un exemple idéal de création qui parviendra à émerger dans cet océan d’offres. Mais il faut discuter avec ces géants que sont Netflix ou Amazon pour que ces circuits financiers puissent aussi bénéficier aux coproductions européennes.

Le ministère de l’Education nationale a transmis une directive disant qu’il n’y avait pas de réserve sur l’utilisation de services de géants du numérique

Il y a un véritable danger chez les jeunes du fait de ne pas suffisamment se protéger de l’usage qui peut être fait de leurs données personnelles. Mais il y a un principe de réalité: on peut utiliser Google à l’école. De toute façon, c’est le cas. Ce qui n’empêche pas de se protéger. Quand on vient sur nos sites, ce n’est pas la peine de s’inscrire. Il y a une éthique très forte. On ne collecte pas de données à l’insu des gens et on ne fait pas commerce de ces données. Alain Le Diberder, notre directeur des programmes, parle de «numérique bio». Les notions de diversité d’Arte sont très contradictoires avec des algorithmes de recommandation, basées sur la répétition des actes, et qui font que le succès va au succès.

Après Roselyne Bachelot sur LCI, Raffarin sur France 2, Gantzer ou Filippetti sur RTL...

Ce sont des gens talentueux qui ont une bonne notoriété. On peut comprendre, de la part des médias, la volonté de s’adjoindre ces «produits d’appel». Mais c’est un non-sujet pour Arte.

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