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Avec cet accord, l'Association française de lutte contre la piraterie audiovisuelle (Alpa) disposera de Content ID, l'outil d'identification de gestion des droits de Youtube.

Google a signé mardi 19 septembre avec les représentants de l'audiovisuel français un accord inédit de lutte contre le piratage, qui permettra notamment de bloquer plus rapidement les contenus vidéo sur Youtube. Cet accord signé au ministère de la Culture avec l'association française de lutte contre la piraterie audiovisuelle (Alpa), sous l'égide du CNC, prévoit une meilleure collaboration entre le propriétaire de Youtube et les ayants droit, qui dénoncent régulièrement le manque à gagner causé par le piratage.

Google mettra à la disposition de l'Alpa son outil d'identification et de gestion des droits, Content ID, pour centraliser les demandes de propriétaires lésés par des vidéos piratées et les bloquer. « Nous ne souhaitons pas que les fraudeurs utilisent nos plateformes au détriment des créateurs », a souligné pour Google Carlo D'Asaro Biondo, président du géant américain en charge des partenariats pour l'Europe, le Moyen-Orient et l'Afrique. L'accord prévoit également un soutien financier de Google à l'Alpa et un accompagnement des ayants droit via des formations.

D'autres accord espérés
Cet accord fait partie d'un « plan d'action contre le piratage », a annoncé la ministre de la Culture Françoise Nyssen : il devra permettre de lutter contre les sites « contrefaisants », de mieux promouvoir l'offre légale et d'« inculquer le respect du droit d'auteur » aux enfants dès le plus jeune âge. « La lutte contre le piratage est le grand défi de ce début de siècle dans la sphère culturelle », a souligné la ministre. « J'espère que ce n'est que le début d'un processus. Il faudra d'autres accords avec les ayants droit et les autres plateformes », ainsi qu'au niveau européen, a-t-elle dit.

La riposte graduée fait également l'objet d'une étude juridique lancée par la Hadopi (Haute autorité pour la diffusion des oeuvres et la protection des droits sur Internet), a indiqué Françoise Nyssen.  Le président de l'Alpa, Nicolas Seydoux, a salué cet accord qui symbolise « l'effondrement d'un mur d'incompréhension » entre Google et les ayants droit.  Il a aussi appelé à ce que ceux qui téléchargent illégalement reçoivent des amendes « pour incivilité ».

Revoir la chronologie des médias

De son côté, la SACD (Société des auteurs et compositeurs dramatiques) s'est aussi réjouie de l'accord avec Google mais a demandé dans un communiqué « une réforme urgente de la chronologie des médias » (règles qui régissent la diffusion dans le temps des oeuvres sur divers supports : en salle, à la télévision, en
dvd...) et « une relance de la politique de lutte contre la contrefaçon, en particulier sur les sites de streaming ».

En France, 13 millions d'internautes se sont adonnés au piratage en 2016, ce qui aurait représenté un manque à gagner de 1,35 milliard d'euros, selon une étude du cabinet EY publiée en février. « Un film peut faire dans ses versions pirateés 2 à 3 fois l'audience qu'il aura sur Canal+, avant même sa diffusion », a dit à l'AFP le président de  Canal+ Jean-Christophe Thiery, attribuant au piratage la perte de  Canal+ 500.000 abonnés par an. « Nous avons l'espoir qu'il y ait des sanctions qui deviennent automatiques », a-t-il ajouté.

Google a signé des partenariats similaires sur les droits de l'audiovisuel en Espagne et de la musique en Allemagne, mais pas avec un organisme public tel que le CNC.

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