Focus
Face à l’information en continu et aux « fake news », les lecteurs plébiscitent le recul, apporté par les nouveaux journaux papier. Démonstration avec le succès des « mooks » et du 1.

Il est arrivé en kiosque le 12 septembre. L’Petit Mardi est un magazine entièrement réalisé par des adolescents de 16 à 19 ans, complété par une application en réalité augmentée, preuve que le papier n’est pas un combat d’arrière-garde. Depuis 2008, XXI, revue de reportages fondée par le journaliste Patrick de Saint Exupéry et l’éditeur Laurent Beccaria des Arènes, a démontré l’intérêt des lecteurs pour des articles au long cours. Les deux précurseurs s’apprêtent à lancer en janvier Ebdo, une alternative aux hebdomadaires d’actualité traditionnels. À la suite de cet exemple, les « mooks », magazines-livres, ont fleuri dans les librairies (dernièrement Garden Lab sur les jardins urbains) mais leur économie reste fragile. « XXI a fait des émules mais la part du gâteau des mooks se réduit » note Mathieu Chévara, éditeur d’Omnivore et de Nez au sein de sa société Le Contrepoint.

Papiers d'ouverture 

Véritable réussite éditoriale, Le 1 est une autre démonstration de la résistance du média papier. Son cofondateur, Éric Fottorino, ancien directeur du Monde, en a eu l’idée en réaction au « sentiment de culpabilité que l’on ressent face aux quotidiens qui s’accumulent et qu’on n’a pas le temps de lire. Contre le trop plein d’information, nous voulions un journal avec une pagination faible, une unité de lieu et d’action, pour être lu du début à la fin. » Chaque semaine, Le 1 décrypte un thème d’actualité à travers plusieurs voix, journalistes, écrivains, chercheurs, illustrateurs… Le terrorisme, le revenu universel, l’éducation, la contraception, le concept s’adapte à tous les sujets et a permis au titre d’atteindre l’équilibre depuis fin 2016, après presque trois ans d’existence. Il se vend environ à 33 000 exemplaires par semaine. Outre le fond, la forme contribue aussi à son succès, avec son principe de dépliage qui aboutit à un poster central. « Des profs l’affichent en classe, des particuliers, dans leur cuisine, se félicite Éric Fottorino. C’est un journal d’ouverture : plus vous l’ouvrez, plus vous êtes ouvert. Aucun écran n’est aussi grand. » Et le format se décline encore avec une version XL, sur la Première Guerre mondiale avec Tardi et bientôt sur le thème des arts en partenariat avec la Réunion des Musées Nationaux. Le 1, c’est aussi une collection de livres, la revue America lancée avec le critique littéraire François Busnel, bref, tout un écosystème engagé réalisé par des passionnés. « Au Monde, j’ai commandé plusieurs études mais aucune ne m'a donné une étincelle comme l’énergie qui réunit l’équipe du 1, assure Éric Fottorino. Nous sommes un petit commando de gens qui font un journal que personne n’attendait et que tout le monde a envie de lire ! » 

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