Cinq années après sa fondation avec Le Monde, la déclinaison française du site américain s’en sort mieux que les autres pure players gratuits hexagonaux.

Le Huffington Post serait-il l’exception qui confirme la règle ? Le site lancé en 2012 [devenu le HuffPost en avril 2017] est l’un des rares opérateurs sur le web gratuit d’information généraliste à afficher une rentabilité. Pour 2016, il annonçait un chiffre d’affaires de 3 millions d’euros (2,5 millions d'euros sans commission de régie), « fourni à 85 % par la publicité, grâce à une progression annuelle assez linéaire de +20 à +25 % depuis le début », indique le directeur délégué Jean-Christophe Potocki. La performance est d’autant plus louable que, parmi ses homologues gratuits, le modèle publicitaire pure player n'a pas fait ses preuves. Rue89 n'est plus qu'un onglet de L'Obs, et Slate vient de faire entrer Benjamin de Rothschild dans son capital pour tenter de conforter son modèle économique.

Flux en continu.

Adossé au groupe Le Monde, Huffingtonpost.fr a pu faire passer progressivement l’équipe de 8 à 31 personnes. Des effectifs en hausse pour suivre l’évolution constante des usages sur le web. Notamment en multipliant les canaux de diffusion : -50 % de l’audience se fait sur le mobile - et en accompagnant l’explosion de la vidéo. Une activité sur laquelle le site a « fortement basculé il y a deux ans, qui mobilise un tiers des effectifs et représente aujourd’hui 40 à 45 % des revenus », estime le directeur de la rédaction, Paul Ackermann. Dans cet univers de la gratuité dominé par le divertissement, le site est « resté une source d’information à part entière tout en ayant un côté décalé », revendique celui qui tient les rênes depuis le début. Il est surtout devenu « un média de flux en continu, avec un mode de fonctionnement 24/24 h, le mobile générant du trafic jusqu’à 1h00 et dès 6h00 », poursuit-il.

Vigie sur la technologie.

Par ailleurs, le HuffPost confirme la règle de l’importance de s’appuyer sur de grands groupes pour être pérenne. « Les actionnaires ont donné des moyens et du temps », reconnaît le directeur délégué d’un site resté déficitaire pendant 3,5 ans. « Leur soutien logistique a permis de se consacrer à notre mission de média, souligne Jean-Christophe Potocki. Le Huffington Post américain tient un rôle de vigie sur la technologie et Le Monde donne un avantage au plan publicitaire. Mais ce partenariat ne nous a pas coincés dans un carcan ».

Avec la puissance de ses 10 à 12 millions de visiteurs uniques par mois, mais également « sa souplesse et ses innovations qui en font un laboratoire pour la régie, le site bénéficie, selon la présidente de M Publicité Laurence Bridier, d’une forte attractivité auprès des marques ». Nissan, EDF, Enedis, IBM, Airbnb… figurent ainsi parmi les annonceurs les plus présents, attirés par « une audience qui ressemble à la rédaction : assez jeune et avec un ton très positif. »

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