Intelligence artificielle
À l’inverse des tris algorithmiques chers aux réseaux sociaux, le robot Flint parie sur l’intelligence artificielle et le machine learning pour vous informer, voire vous surprendre. Explications .

Chaque matin, c’est la même routine. Flint envoie à ses 5 800 abonnés une newsletter répertoriant les articles les plus susceptibles de les intéresser, mais pas seulement. En fonction des liens sur lesquels chacun clique, le petit robot affine sa connaissance des utilisateurs et avec, la sélection qui leur sera proposée le lendemain. « Aujourd’hui, le critère pour faire le tri dans l’information n’est plus la viralité mais la qualité », estime Benoît Raphaël, expert en innovation digitale et média, et papa de Flint. À ses côtés, Thomas Mahier, ingénieur spécialisé en sémantique et en intelligence artificielle. Les deux financent aujourd'hui le projet grâce au CICE et leurs activités de conseil annexes, avant de trouver d'autres soutiens. 

Bébés robots.

Avant Flint, lancé en février, un premier robot de veille avait été mis au point courant 2016, Jeff, spécialisé dans la mutation des médias. Durant des heures, en fonction notamment de la source, des mots utilisés et des concepts associés, il a appris à reconnaître la qualité d’un article. «Contrairement à un algorithme, qui fait ce pour quoi il a été programmé, une intelligence artificielle n’a aucun critère au départ pour définir ce qu’est un article de qualité. Grâce au machine learning et aux réseaux neuronaux, elle apprend des articles qu’on lui montre, à la manière d’un cerveau humain», résume Benoît Raphaël, éleveur de robots en chef.

Depuis, d’autres robots thématiques ont été mis au point : Yolo, sur l’environnement, et Gordon, sur la fintech. Tous deux ont été entraînés par des experts de leur secteur : la journaliste Anne-Sophie Novel pour Yolo et Pierre-Philippe Cormeraie, directeur de l’innovation du groupe BPCE, pour Gordon. Surtout, le travail fait jusque-là, a permis de mettre au point des «bébés robots», qui n’ont plus besoin de trois semaines d’apprentissage avant d’être opérationnels mais seulement d’une dizaine de minutes. À moyen terme, ils pourraient être commercialisés comme outils de veille pour les entreprises.

«Plus qu’un outil de veille, l’enjeu est de permettre aux gens de reprendre le contrôle de l’information en éduquant leur robot, et non de laisser ça aux Gafa», insiste Benoît Raphaël. L’une de ses missions est aussi d’orchestrer le storytelling autour du projet. Élevage de robots, adoption des bébés robots, école pour les entraîner : «nous explorons un nouveau champ, celui du design d’interaction. Ce lien émotionnel que nous créons entre l’utilisateur et son robot permet un meilleur taux d’ouverture des newsletters (30 à 40% aujourd’hui)», ajoute-t-il.

Restent les multiples questions que ce projet pose, comme la gestion des contenus haineux et des fake news, contre lesquels un «dark bot» a été mis au point. Autre sujet, la fameuse sérendipité, qui évite à chacun d'être enfermé dans sa bulle. «Flint s’appuie sur un panel humain pour vous identifier et crée des passerelles pour vous emmener vers des sujets sur lesquels vous ne seriez pas allés spontanément. Reste que pour l’instant, c’est du hasard», reconnaît Benoît Raphaël. Mais Flint n'a pas dit son dernier mot.

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