L'octroi d'aides publiques aux éditeurs de presse en ligne a provoqué une réaction épidermique sur la Toile. Revue de blogs.

La blogosphère est courroucée. Et pas qu'un peu. Depuis quelque temps, les noms d'oiseaux fusent à l'encontre des sites d'information en ligne «pure players», accusés d'avoir accepté des subventions publiques à l'image de la presse traditionnelle.

Jusqu'alors exclus du dispositif des aides à la presse, les «pure players» de l'information, qui ont récemment obtenu le statut d'éditeur de presse en ligne (lire l'encadré), peuvent bénéficier des 20 millions d'euros du fonds d'aide au développement des services de presse en ligne. Ce dernier permet de subventionner de 40% à 60% d'un projet de développement des sites d'information. Les critères d'attribution sont liés aux projets présentés dans les dossiers, et non à la notoriété ou au chiffre d'affaires des sites.

«C'est plus de 90% des 20 millions d'euros qui vont aller aux sites de presse traditionnelle», signale Maurice Botbol, président du Syndicat de la presse indépendante d'information en ligne. Résultat, Rue 89 devrait toucher 249 000 euros, Mediapart 200 000 euros et Slate 199 000 euros, des broutilles comparé aux centaines de millions d'aides publiques directes et indirectes distribuées chaque année à la presse traditionnelle.

«Une mise sous respiration artificielle»

Il n'empêche que le geste agace. Pour le blogueur Narvic sur le blog Novövision, cette décision «conduit bien à renier, le mot n'est pas trop fort selon moi, ce qui faisait l'originalité de ces expérimentations d'information en ligne». Et d'ajouter : «Les journalistes du Web m'ont semblé, un moment, prêts à sauter le pas pour réinventer leur métier qui se meurt. Pour 20 millions d'euros par an, accordés royalement par Nicolas Sarkozy, et qu'ils devront se partager entre eux, ils viennent de faire un grand pas en arrière.» Pour le blogueur Vogelsong, il s'agit d'une «mise sous respiration artificielle de la presse Web».

Mais ce grief n'est pas le seul à circuler sur la blogosphère. «L'interventionnisme mal avisé vise en fait à marginaliser le blogueur», écrit Thierry Crouzet, qui poursuit : «Et pourquoi je ne reçois rien, moi ? Pourquoi nous autres blogueurs, qui écrivons presque tous les jours et donc participons bien à la presse en ligne, ne recevons-nous rien ?»

De son côté, le site Arrêt sur image a décidé de ne pas postuler aux aides mises en place. «Nous avons hésité. Il y a eu un débat transparent sur le site, nos internautes nous poussant plutôt à les accepter, mais nous restons convaincus que nous y aurions aliéné une partie de notre liberté», explique Daniel Schneidermann, son dirigeant.

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