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La TNT payante est-elle un échec ? Non pour le CSA, en dépit des retraits d’AB1 et de Canal J. L’instance devrait relancer un appel à candidatures, mais dispose d’autres options.

Le PAF ayant horreur du vide, les fréquences hertziennes libres ne le resteront pas longtemps. Michel Boyon, le président du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), l'a promis lors des Rencontres de la télévision payante, organisées lundi 29 mars à Paris par l'instance de régulation: «Nous allons délibérer dans les toutes prochaines semaines pour lancer un appel à candidatures pour une ou deux chaînes, voire plus, sur la TNT payante.» Deux fréquences nationales sont disponibles depuis les retraits d'AB1 (AB Groupe), en novembre 2008, et de Canal J (Lagardère), fin avril 2009. Les deux chaînes exploitaient un canal payant sur la TNT. Elles ont préféré jeter l'éponge pour des raisons économiques.

Seuls 300 000 foyers se seraient abonnés à une offre de Canal J regroupant aussi TPS Star, Eurosport, Paris Première, LCI et Planète. C'est loin de la douzaine de millions de foyers qui reçoit déjà la TNT. «Ce n'est pas un échec de Canal J, c'est un échec de la TNT payante !», affirme Didier Quillot, président de Lagardère Active. Chez AB, on observe que le coût technique de diffusion sur la TNT, plus d'un million d'euros par an, était vraiment trop élevé pour espérer atteindre la rentabilité. Les chaînes thématiques préfèrent se concentrer sur les autres réseaux de distribution, l’ADSL, le câble et le satellite, moins gourmands en coûts de transport de signal.

 

Orange et la LFP se déclarent

 

Ces échecs n’empêchent pas d'autres opérateurs de lorgner avec envie cette ressource hertzienne vacante. «La télévision payante n'est pas incompatible avec la télévision gratuite, on veut se développer dans l'audiovisuel», a avancé Yannick Bolloré, directeur général de Direct 8, le 25 mars. Lors des Rencontres, Xavier Couture, directeur des contenus d'Orange, et Frédéric Thiriez, président de la Ligue de football professionnel, ont indiqué être de possibles candidats pour, respectivement, la chaîne payante Orange Cinéma Série et une télévision consacrée au championnat de France de football. «En France, 13 millions de personnes se déclarent intéressées par le football et ne sont pas encore abonnées à une offre payante, a rappelé Frédéric Thiriez. Nous travaillons sur un projet de chaîne qui aura besoin de la TNT payante.» Michel Boyon s'en réjouit: «Je suis résolument optimiste pour la TNT payante.»

 

L’alternative VOD et 3D    

 

L'instance devra composer avec une ressource limitée. L'État  a déjà préempté une fréquence pour France Ô. La chaîne de l'Outre-Mer de France Télévisions débutera gratuitement sur la TNT nationale le 14 juillet. Et puis, souligne une étude de NPA Conseil, il n'est pas évident que la bande passante disponible soit obligatoirement réaffectée à une chaîne payante. Consultant senior au sein du cabinet, François David note que le CSA pourrait aussi faire le choix de services interactifs, comme un système de «push VOD» (une télévision à la demande via un récepteur à disque dur) ou un guide électronique des programmes (EPG). Enfin, l'instance doit aussi penser au développement de la haute définition, car toute la TNT y passera en 2015, et, pourquoi pas, la 3D. Pas de quoi encourager les vocations pour la TNT payante.

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