Sur la Toile à partir du 28 février, il se rêve en Huffington Post à la française, avec des «serial entrepreneurs» et des journalistes classés à droite parmi ses fondateurs.

C'est devenu l'un des serpents de mer de la blogosphère, à coup d'annonces de lancement imminent et de reculs de dernière minute. Mais, cette fois, ça y est: le site d'informations gratuit Atlantico va être lancé le lundi 28 février, lors d'une présentation à la presse. Il s'est même doté d'une agence de RP, Alchimia (lire Stratégies n°1621). Parmi ses fondateurs se côtoient des chefs d'entreprises libéraux et des journalistes professionnels. Pour réunir le budget de lancement, au moins 700 000 euros, plusieurs entrepreneurs ont mis la main à la poche: Arnaud Dassier, fondateur de l'agence Web L'Enchanteur des nouveaux médias et conseiller Internet de l'UMP (et de Nicolas Sarkozy en 2007), Xavier Niel, fondateur d'Iliad et coactionnaire du Monde, Charles Beigbeder, fondateur de Poweo et membre du Parti radical, ou encore Marc Simoncini, qui y investit via le fonds d'investissement Kima Ventures (lancé en février 2010 par Xavier Niel et Jérémie Berrebi). Le fondateur de Meetic estime ainsi qu'«il faut essayer de réinventer les modèles de presse avec l'évolution des supports: papier, Web, tablettes», tandis que Xavier Niel a confié à Stratégies qu'il soutenait déjà quelque vingt et un sites en phase de lancement.

Le site compterait une dizaine de journalistes, parmi lesquels deux sont plus particulièrement porteurs du projet: Pierre Guyot, un ancien de RTL, et Jean-Sébastien Ferjou, ex-TF1 et LCI. D'après nos informations, Jean-Baptiste Giraud, ancien de BFM, de Radio Notre-Dame et fondateur du gratuit Économie matin et du mensuel gratuit Versailles +, assurera la rédaction en chef. Parmi les chroniqueurs extérieurs figureront Anita Hausser (LCP, Aufeminin.com) et Christian de Villeneuve, ancien directeur de la rédaction du Parisien et du Journal du dimanche.

Le site compte sur un vivier de trois cents contributeurs, économistes, sociologues, etc. Car ses fondateurs rêvent d'en faire un Huffington Post à la française, en suivant le modèle de ce site américain (tout juste racheté par AOL pour 315 millions de dollars) qui agrège des billets de blogs.

Balayer l'héritage de Mai 68

Le projet a éclos dans la douleur. En juin 2010, le site d'informations Électron libre accède à la version bêta d'Atlantico, à la grande fureur de ses cofondateurs. Il se confirme que le site a pour ligne de mire l'élection présidentielle de 2012. Mais «ses fondateurs n'avaient pas d'idée précise sur la ligne éditoriale, entre soutien à la candidature de Sarkozy ou un site d'analyse économique de droite», affirme Emmanuel Torregano, fondateur d'Électron libre.

Les fondateurs nient toutefois tout positionnement idéologique. Atlantico est «politiquement indépendant, et rigoureux» estime Christian de Villeneuve. «Nous ne nous occupons pas des questions éditoriales», nous précise l'un de ses investisseurs. Qui en a pourtant une vision tranchée: «Atlantico ne sera pas un média militant qui défendra une idéologie et des personnalités ou partis politiques. (…) Nous nous intéresserons au monde tel qu'il est et tel qu'il change. Cette vision nous distinguera nettement des autres médias dominant le Web, dirigés et lus pour la plupart par la génération 68 et ses jeunes disciples, qui plaquent leur vision idéologique sur le monde moderne.»

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