Festival Visa pour l'image
L’avenir du reportage photo passe-t-il par nouvelles formes de reportages et des financements alternatifs sur Internet? De nouvelles voies en vogue au Cannes du photojournalisme.

Depuis le 27 août et jusqu'au 11 septembre, Perpignan accueille le festival de photojournalisme Visa pour l'image, qui présente un condensé de l'actualité internationale vue par l'objectif des plus grands reporters. Et où devraient se rendre des dizaines de milliers de visiteurs et de professionnels, dans ce grand rendez-vous annuel, aussi bien lieu de relations publiques pour les professionnels (3000 photographes sont attendus) que d'expositions (26 sont réparties dans des lieux historiques de la ville) et de projections gratuites, qui retracent les événements les plus marquants de septembre 2010 à août 2011.

L'année n'a pas été avare en événements internationaux, entre les printemps arabes, les conflits en Côte d'Ivoire et le tsunami au Japon, qui ont ravivé le goût du grand public pour le reportage à l'ancienne. Un contexte porteur qui ne change pourtant guère la donne: la profession est bouleversée par la crise des agences photo. Mais les photographes s'essaient à de nouveaux types d'écriture journalistique et à de nouveaux modes de diffusion. Tel le webdocumentaire.

Parallèlement, de nouvelles voies de financement des reportages photo essaiment, notamment sur la Toile. Ce constat était au centre d'une conférence sur les nouveaux médias organisée par l'association Freelens. Elle s'est penchée par exemple sur le «crowdfunding», des financements participatifs mobilisant des communautés d'internautes, mis sur pied par des start-up en ligne comme Kiss Kiss Bank Bank ou Emphas.is. Des plates-formes de microfinancement qui mobilisent à la fois les proches, les amis et le grand public. L'internaute y verse le montant de son choix, pour soutenir un projet présenté en ligne. La période de récolte de fonds est limitée (entre 60 et 90 jours), et le contributeur est remboursé si le financement du projet n'est pas bouclé.

Impliquer les diffuseurs

«Nous avons accueilli 300 projets, dont 100 ont été financés», explique Adrien Arnet, fondateur de Kiss Kiss Bank Bank. Avec un panier moyen de 60 euros, les soutiens peuvent parfois monter très haut: jusque 18 000 euros recueillis pour le webdocumentaire Paroles de conflits de Raphaël Beaugrand.
Pour financer un webdocu sur les réfugiés roumains, Marianne Ringaux a pour sa part récolté 2500 euros. «Une base de budget, et un soutien d'internautes qui nous rendait plus crédibles: grâce à cela, nous avons démarché le CNC et Bruxelles dans le cadre d'un programme européen», explique la jeune journaliste, diplômée de l'Ecole supérieure de journalisme de Lille depuis un an. Dans ces levées de fonds parfois difficiles, «les diffuseurs (comme Lemonde.fr ou Arte.tv) devraient mettre la main à la poche», estime Charles-Henry Frizon, de l'agence Capa.

Le webdocu, une voie prometteuse pour les photojournalistes? «Depuis trois ans, on voit un changement de posture: des photographes se mettent à la vidéo, en binôme avec des journalistes qui deviennent auteurs-producteurs», estime Wilfried Esteve, président de l'association Freelens. Le développement récent d'outils de montage interactif faciles d'usage, tels Klynt (développé par le studio de production Honly Tonk) ou 3 W Doc, ont aussi contribué à cette démocratisation. Et à réduire le budget de production.

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