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Racheté par France Economie Régions et Hi-Média, le titre économique mise désormais sur Internet et sur une version papier hebdomadaire pour équilibrer ses comptes d’ici trois ans.

Trois ans suffiront-ils pour amener La Tribune sur le chemin de la rentabilité? Tel est l'objectif du groupe France Economie Régions, qui, associé à la régie Hi-Média, a été choisi par le tribunal de commerce de Paris, le 30 janvier, pour reprendre le journal économique, placé en redressement judiciaire en décembre dernier. L'offre retenue – la mieux disant socialement, avec 50 salariés repris (sur 165), dont 31 journalistes – a été préférée à celle déposée par la Financière patrimoniale d'investissements, un fonds dirigé par Gilles Etrillard et Jérôme Balladur, fils d'Edouard.

Pour relancer La Tribune, les deux repreneurs misent sur le basculement sur Internet de la version quotidienne du titre. Ouvert sur l'actualité économique régionale, le site, qui fera l'objet d'une refonte «dans quelques semaines», sera alimenté tous les jours, de 6 à 23heures, et mêlera articles gratuits et contenus payants. L'objectif en termes d'audience est d'atteindre trois millions de visiteurs uniques d'ici 2013, contre deux millions actuellement.

S'adapter aux usages de lecture

A cela s'ajoutera une édition papier hebdomadaire, au format tabloïd, tiré à 100 000 exemplaires. Disponible dans les kiosques chaque vendredi à partir du 6 avril, elle proposera un décryptage de l'actualité de la semaine. «Nous devons nous adapter aux nouveaux usages. Du lundi au jeudi, les lecteurs sont sur Internet. A partir du vendredi, le temps passé sur la presse papier croît», explique Jean-Christophe Tortora, futur président de La Tribune, aujourd'hui à la tête de France Economie Régions. Ce groupe réunit cinq titres de presse économique régionale, dont Objectif Aquitaine et Méridien mag, qui pourraient être rebaptisés en septembre prochain Tribune magazine.

Outre la trentaire de journalistes qui composeront la rédaction nationale de La Tribune, dont la liste définitive devait être communiquée le 2 février, Jean-Christophe Tortora pourra s'appuyer sur les six bureaux provinciaux de son groupe (Toulouse, Montpellier, Bordeaux, Lyon, Marseille-Aix et Nice-Cannes) auxquels s'ajouteront Nantes, Rennes, Lille et Strasbourg. Valérie Decamp, présidente de La Tribune, quitte l'entreprise. Dix pour cent du capital de la nouvelle société seront, à termes, attribués aux salariés.

 

 

Un conseil en stratégie

Patrick Behar, associé du cabinet Bain & Company en charge des médias

Oui, à certaines conditions. Il suffit de regarder vers quoi évolue la presse économique et financière dans d'autres pays pour voir qu'il y a un vrai coup à jouer sur Internet. Il y a une demande pour des contenus à forte valeur ajoutée et des services que seul le Web peut offrir. En plus de l'information économique et financière, La Tribune devra développer cette dimension de service en accordant une grande place à l'infographie et aux animations. Pour générer des revenus, Latribune.fr devra également comporter une forte dimension vidéo.

 

Une acheteuse médias
Véronique Priou, directrice du département presse de Zenith-Optimedia

Sans doute. Vis-à-vis des annonceurs, La Tribune va changer de famille en passant à une version papier hebdomadaire. Il y aura peut-être un basculement de ceux qui annonçaient dans le quotidien papier vers le site Internet, mais pas dans leur totalité. Cette périodicité va lui permettre d'élargir la typologie d'annonceurs vers la grande consommation, comme la téléphonie et l'automobile. En revanche, cela peut être un frein d'être un journal hebdomadaire et non un magazine car c'est moins identifiable en termes de famille de presse.

 

Un expert du Web
Julien Billot, directeur général adjoint de Pages jaunes en charge d'Internet

 Peut-être. Ce qui est important aujourd'hui, c'est la marque, le format important peu. Grâce à ses journalistes, celle de La Tribune n'a pas trop souffert de la situation difficile dans laquelle elle était. Je suis donc optimiste. En gardant 31 journalistes, les repreneurs font le pari de garder un contenu de grande qualité, tout en ayant le courage d'explorer une autre façon de parler d'économie. Reste à voir si le chiffre d'affaires généré, beaucoup plus faible sur Internet qu'en print, sera assez élevé pour compenser les coûts.

 

Un chercheur
Olivier Bomsel, directeur de la chaire Paris Tech d'économie des médias et des marques

Oui, mais ça ne va pas être la même Tribune. Avec 31 journalistes, la force de frappe rédactionnelle est significative. Reste à voir la capacité des nouveaux actionnaires à développer un esprit d'équipe. L'avantage d'un modèle centré sur Internet, c'est qu'il est beaucoup moins dépendant de la publicité. La baisse des coûts fixes qu'entraîne l'arrêt du papier permet de miser davantage sur la vente de contenus. Quant à l'hebdomadaire papier, il peut devenir une manne publicitaire formidable.

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