finances
Le groupe a présenté le 1er mars ses résultats financiers de 2011. Au programme pour cette année : offres à bas prix et serrage de boulons.

La Bourse de Paris n'a guère apprécié, le 1er mars, les perspectives de résultats présentés par Vivendi. En faisant chuter l'action de 10%, les investisseurs ont sanctionné une réalité de marché, née de la concurrence de Free dans le mobile, davantage sans doute qu'une stratégie. Mais en annonçant deux années «plus difficiles» en 2012 et 2013 et en précisant qu'il n'attendait pas avant 2014 un «rebond de [ses] résultats», Jean-Bernard Lévy, le président du directoire, a dévoilé un horizon assombri pour son groupe, après un résultat net record de 2,952 milliards d'euros en 2011 (+9,4%) pour un chiffre d'affaires de 28,81 milliards d'euros. Principal signal d'alerte: SFR, dont le chiffre d'affaires est en recul de 3,1% l'an dernier en raison d'un nouveau régime de TVA et des baisses de tarifs imposées par le législateur.

En janvier-février 2012, la montée en puissance de Free dans le mobile lui a déjà coûté 208 000 abonnés (sur 16,56 millions) et le groupe anticipe une chute de 12 à 15% de son résultat opérationnel (Ebitda) cette année. «Nous allons organiser SFR pour tenir compte d'un marché qui change», affirme Jean-Bernard Lévy, qui s'est étonné de l'ouverture du réseau 3G de France Télécom au quatrième opérateur mobile et d'une «communication agressive dont on a noté qu'elle avait reçu le soutien du gouvernement». Deux modes d'action sont évoqués: un plan de réduction des coûts, dont le patron se refuse à dire s'il aura un impact sur les emplois, et la création d'une offre low cost, à «très bon prix», commercialisée en parallèle d'une gamme «avec des services complets» adaptés à la «valeur perçue du client».

 

Canal+, en faible progression

Cette approche low cost touche également Canal+. Le groupe prévoit de rogner ses coûts fixes de 100 millions d'euros en 2012-2013 tout en épargnant autant que possible les programmes. Il a aussi lancé en fin d'année son service de vidéos à la demande par abonnement, Canal Play Infinity, à 9,99 euros. «Nous avons déjà 25 000 abonnés et ce chiffre est en augmentation rapide. Le téléchargement moyen par usager est de trente vidéos par mois», souligne Bertrand Meheut, président de Canal+. Le patron, qui ne peut présenter en 2011 qu'une faible progression de son résultat (+1,6%, soit 701 millions d'euros d'Ebita), en raison d'une amende de 30 millions d'euros de l'Autorité de la concurrence, compte désormais sur ses relais de croissance que sont la Pologne et le Vietnam. Ces deux pays représentent le tiers des 237 000 nouveaux abonnés du groupe. Et si le revenu moyen par abonné augmente en 2011 (47,5 euros, soit +1,20 euro), le taux de désabonnement passe de 11% à 12,1%.

C'est dire l'importance du développement de la télévision gratuite avec la tranche en clair de Canal+, I-Télé, et Direct 8 comme Direct Star, en attente d'autorisation des autorités de régulation. Canal+ prévoit que ses revenus publicitaires, en hausse de 6% en 2011, contribueront entre «7 et 10% de l'Ebita en 2015». Le groupe vise les CSP+, à l'instar de sa chaîne I-Télé, pour la première fois à l'équilibre en 2011. Derrière la hausse des abonnements et du revenu par abonné, la publicité est le troisième facteur qui explique la hausse de 3,1% du chiffre d'affaires du groupe Canal+ en 2011, à 4,487 milliards d'euros.

 

 

Plan d'économies chez Universal Music

Enfin, Vivendi poursuit son programme de réduction des coûts mis en œuvre en 2011 sur Universal Music (100 millions d'euros) par un plan d'économies de 50 millions d'euros. Après un chiffre d'affaires en retrait en 2011 (-5,7%), à 4,2 milliards d'euros, le groupe musical ne profite pas encore de la croissance des ventes numériques (+9,7%), qui ne représente qu'un tiers des ventes de musique enregistrée sur CD. Son PDG, Pascal Nègre, qui a fait progresser sa marge de 10,6% à 12,1% en 2011 et attend le feu vert de Bruxelles pour le rachat d'EMI, observe «une inversion de tendance ou une atténuation des tendances négatives».

En France, tout dépend selon lui de la survie de la loi Hadopi, qui aurait rapporté 13 millions d'euros supplémentaires à Itunes: «Les deux seuls pays où l'on a vu émerger des champions nationaux avec Spotify et Deezer sont la France et la Suède, où l'on a mis en place des lois contraignantes», argue-t-il.

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