Medias
Les frères Siegel ont livré le 5 avril leur petit dernier, un nouveau venu dans l’univers en vogue des «magbooks», We Demain. Au menu: prospective, environnement et innovation.

Attention, objet livresque non identifié. Prospective, innovation, développement durable, culture du partage tout autant que gastronomie figurent au menu de WE Demain, le dernier-né du genre très en vogue des livres-magazines («magbooks» ou «mooks»). En kiosques et librairies depuis le 5 avril pour 12 euros – le prix définitif sera de 15 euros–, il reprend les codes du genre, dont un papier épais et une place de choix accordée à l'image. Deux cent seize pages pour ce premier numéro, entre prospective économique, via un entretien fleuve avec Jeremy Rifkin, aperçu des dix métiers de demain, question d'un bonheur programmé génétiquement (ou pas), et retour sur deux mille ans de révolutions culinaires, en passant par le premier livre de recettes (Taillevent) au XIVe siècle jusqu'au pape de la cuisine moléculaire, le chef espagnol Ferran Adrià. Sans oublier une interview musclée de Nicolas Hulot et une nouvelle méconnue du maître du récit d'anticipation Ray Bradbury.

 WE Demain est la nouvelle odyssée de Jean-Dominique et François Siegel, codirecteurs pendant dix-neuf ans du magazine VSD, créé par leur père Maurice, et concepteurs du magazine Le Monde 2 avec leur groupe créé pour l'occasion, GS Presse. Pas de salariés autour de ce nouveau projet pour l'instant, mais des journalistes pigistes et des amis: Revsquare, la société cofondée par Benoît Raphaël (ancien rédacteur en chef du Post) assure ainsi le «community management» de la jeune revue.

«Une publication sur le monde d'après, j'y pense depuis 2008 et l'arrivée de la crise économique, explique François Siegel. Il y avait matière à une publication régulière sur les technologies de l'innovation, l'environnement, le monde de demain vu sous le prisme des centres d'intérêt d'aujourd'hui.» Parmi ses références: Jeremy Rifkin, Jacques Attali, Gilles Finchelstein…

Un modèle en vogue

Pourquoi donc ce format hybride? Certes, le succès de la revue XXI donnait envie. Surtout, remarque François Siegel, «sortir un trimestriel à 12 euros, juste en presse, était impossible». Certes, le modèle du «mook» est parfois risqué, la revue Usbek & Rica a ainsi quitté les librairies pour revenir dans les kiosques en début d'année, mais il est en vogue: le bel objet à conserver prend plus de valeur à l'ère de la dématérialisation des médias.

D'autant qu'il n'est plus du tout évident de lever des financements autour de projets médias. « En 2008, on avait un projet Internet avec applications mobiles et e-commerce, poursuit François Siegel. Nous n'avons pas réussi à lever des fonds. Marc Simoncini [fondateur de Meetic, à présent à la tête du fonds d'investissement Jaïna Capital] m'a dit: “Commence par ce que tu connais le mieux: lance un journal”.»

Dont acte. Et un lancement sur fonds propres, possible avec le format «magbook». «Comme le livre, le “magbook” repose sur le modèle économique de réassorts, avec un retirage s'il marche bien», rappelle Jean-Dominique Siegel. Comment le rentabiliser? La revue bénéficie d'un triple réseau de distribution: les librairies, qui seront approvisionnées de 15 000 exemplaires du premier numéro, les kiosques (14 000 ex.) et les hypermarchés (4 000 ex.).

De la publicité classique? Contre-nature… Après tout, les «mooks» précédents n'en comportent pas. Un club We Demain, qui associerait des marques, par exemple lors de débats, et des suppléments thématiques sont en projet. «L'idée serait de décliner la marque WE Demain: un think tank, pourquoi pas une émission de télévision…», lance Jean-Dominique Siegel. Rêve d'anticipation?

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