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Nouveaux locaux, version quotidienne désormais 100% numérique, hebdomadaire papier : le titre économique, racheté en février par France Economie Régions, entame une nouvelle vie.

«La Tribune is back!» En lettres blanches sur fond bleu roi, le retour de La Tribune en kiosques s'affichait en grand le 12 avril, lors de la présentation à la presse de la nouvelle version papier du titre. «Ce n'est pas un mirage mais bien la réalité», clamait Jean-Christophe Tortora, le nouveau président de La Tribune, deux mois après le rachat du titre par son groupe, France Economie Régions.

A 35 ans, le patron de presse est séduisant, beau parleur même. Il ne craint pas de paraître paternaliste en évoquant sa «responsabilité morale à l'égard de cette tribu qu'est la grande famille de La Tribune». A propos de la centaine de salariés qui ont perdu leur travail (hormis les 57 repris), l'homme assure faire son possible en recevant les malchanceux. Mais, après la période difficile que vient de traverser le titre, l'heure est à la reconstruction.

 
Le «reverse publishing» comme modèle

«Nous avons renversé le modèle économique. La rédaction est entrée dans une logique de "reverse publishing". Depuis le 1er février, le quotidien papier s'est transformé en quotidien numérique», souligne Jean-Christophe Tortora. A l'information en continu sur Latribune.fr, dont l'accès est en partie payant, s'ajoute depuis le 13 avril un hebdomadaire papier au format tabloïd, tiré à 100 000 exemplaires et vendu trois euros le premier mois, puis autour de quatre euros. Celui-ci entend analyser, décrypter l'actualité économique de la semaine et anticiper les événements à venir.
Objectif de cette nouvelle offre éditoriale, atteindre la rentabilité d'ici trois ans, avec un chiffre d'affaires de près de 13 millions d'euros. En 2012, celui-ci devrait tourner autour des 5 millions d'euros, dont 3,5 millions tirés de la publicité. Ce changement de modèle n'est pas sans conséquence sur la vie de la rédaction, placée en mars sous la direction de François Roche.

Latribune.fr s'est déjà distingué par des scoops sur le rapprochement PSA-General Motors ou le bonus de 16,2 millions d'euros du patron de Publicis, Maurice Lévy. De quoi froisser le grand argentier de la pub? «Maurice Lévy est un grand industriel qui a prouvé qu'il savait faire la part des choses. Du reste, je n'ai pas été tenu au courant de cette information qui respecte notre exigence d'exactitude», confie Jean-Christophe Tortora à Stratégies.
Il y a quelques semaines, La Tribune a quitté les abords du périphérique parisien pour investir le secteur de la Madeleine, son quartier historique. «Avec un quotidien papier, un certain nombre de rendez-vous, comme la conférence de rédaction du matin, structurent le travail des journalistes tout au long de la journée. Avec Internet, la rédaction a l'impression de manquer de repères, de ne plus savoir quoi faire à quelle heure», explique François Roche, ex-directeur de la rédaction de L'Expansion et ancien de La Tribune.
D'où la volonté de préserver un rendez-vous quotidien, avec la publication à 21 heures d'un PDF reprenant les articles du jour. La création d'un rendez-vous matinal, qui pourrait prendre la forme d'une newsletter, pourrait voir le jour avant l'été.

Autre nouveauté, l'accent mis sur l'information économique en régions. Chaque semaine, au moins six pages seront consacrées à l'actualité des territoires. Dix rubriques ont été créées sur le site, une pour chacune des dix grandes agglomérations en régions où La Tribune dispose d'un bureau.
En ligne de mire, les patrons de petites et moyennes entreprises et les élus locaux, ceux pour qui la presse nationale ne s'intéresse pas assez aux territoires tout en jugeant la presse quotidienne régionale trop généraliste. «Nous voulons donner à nos lecteurs une vision globale du monde économique sans oublier pour autant l'information locale», résume Jean-Christophe Tortora.

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