Audiovisuel
Le président de l'AEF a remis jeudi 12 juillet sa démission, à la suite d'un désaccord sur la fusion des rédactions de RFI et TV5 Monde.

«Je vous embrasse.» Tels sont les derniers mots de la lettre de départ d'Alain de Pouzilhac, patron de l'Audiovisuel extérieur de la France (AEF) contraint à la démission jeudi 12 juillet.

Le publicitaire annonce, en des termes choisis: «Je prends acte du fait que l'Etat, notre actionnaire, souhaite une nouvelle présidence pour l'Audiovisuel extérieur de la France. Je considère donc que ma mission est terminée.»

Aurélie Filippetti, nouveau ministre de la Culture et de la Communication, s'est publiquement déclarée opposée à l'un des projets phares d'Alain de Pouzilhac: la fusion entre les rédactions dans le cadre du rapprochement entre RFI et de France 24 au sein de l'AEF. Sur France Culture le 13 juillet, elle a fait état d'un «désaccord stratégique» sur cette question «fondamentale» qui était au cœur du projet porté par Alain de Pouzilhac. «Il a donc pris acte du désaccord de fond du gouvernement avec sa stratégie. Il a démissionné.»
Dans sa lettre d'adieux, Pouzilhac persiste et signe: «Il est peut-être trop tôt pour réaliser [cette fusion], mais j'ai la conviction personnelle qu'elle est l'avenir d'un AEF fort et capable de rivaliser avec les plus grands groupes d'information internationaux.» (lire son interview parue dans Stratégies n°1675).

«Sachez que je pars avec beaucoup de tristesse. On ne quitte pas ceux qu'on aime sans chagrin», conclut Alain de Pouzilhac, dont le mandat devait théoriquement se terminer dans neuf mois, en avril 2013.

Le gouvernement temporise

Pour lui succéder, on évoque les noms de Jean-Paul Cluzel, ex-président de Radio France et de RFI, nommé par le gouvernement afin de piloter une mission sur l'AEF, de Marie-Christine Saragosse, directrice générale de TV5 Monde, ou encore de Pierre Hanoteaux, ex-directeur de cabinet de Frédéric Mitterrand et numéro 2 de l'AEF. C'est d'ailleurs lui qui a été chargé d'assurer l'intérim en attendant la désignation du nouveau président. Interrogée sur ce point par France Culture, Aurélie Filippetti a indiqué qu'il n'y avait «aucune urgence»: «Nous prendrons le temps, nous sommes soucieux de respecter les procédures et trouver les bonnes personnes.»

La fusion des rédactions de la radio internationale et de la chaîne d'information était en cours de réalisation après deux années particulièrement mouvementées, ponctuées de grève, de procédures diverses, d'obstruction syndicale sur fond de déménagement.
Bien que devant travailler avec France 24, la rédaction de RFI devait s'installer dans un immeuble distinct de celui de France 24.
Un moratoire gelant la fusion avait été décidé par les ministères de tutelle (Affaires étrangères et Culture) dans l'attente d'une évaluation réalisée par Jean-Paul Cluzel, qui a été présentée le 12 juillet devant le conseil d'administration de l'AEF. L'ancien patron de Radio France internationale (RFI) s'y prononce clairement contre une fusion des rédactions entre la radio RFI et la télévision France 24, position suivie par le gouvernement. Le rapport préconise par ailleurs, toujours selon Les Echos, de sortir TV5 Monde du périmètre de l'AEF pour l'intégrer à celui de France Télévisions. Le rapport propose ensuite la création d'une société nationale de programme qui succéderait à l'AEF, hypothèse la plus plausible, ou bien la transformation de RFI et France 24 en filiales respectives de Radio France et France Télévisions, ou encore de faire de France 24 une filiale de l'AFP.

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