Le groupe Express-Roularta lancera en septembre L’Express Ventures, un fonds d’investissement destiné à accompagner les start-up en amorçage, avec quatre Net-entrepreneurs.

Le modèle des fonds d'investissement, comme Kima Ventures, lancé il y a deux ans par Xavier Niel (Iliad) et Jérémie Berrebi, et Jaïna Capital, de Marc Simoncini (fondateur de Meetic), séduirait-il les médias? Selon nos informations, le groupe Express-Roularta (éditeur des magazines L'Express, L'Expansion, L'Entreprise, etc.) s'apprête à lancer, en septembre, son propre fonds d'investissement, baptisé L'Express Ventures.

A la manœuvre pour ce projet dans les cartons depuis huit mois, Corinne Denis, directrice générale adjointe du groupe et directrice multimédia France Belgique, et l'entrepreneur Stéphane Boukris, qui en annonçait la naissance sur son compte Twitter le 13 juillet.

A vingt-sept ans, Stéphane Boukris a déjà un parcours entrepreneurial mouvementé, entre la création, en mars 2009, du site aussi éphémère qu'ultramédiatisé Faismesdevoirs.com, qui proposait aux élèves de faire leurs devoirs à leur place, fermé après trois heures d'activité, et la plate-forme de services Staaff.fr.

Il a aussi passé deux ans à la tête de Mailorama, filiale de la start-up Rentabiliweb spécialisée dans le marketing direct, qu'il a quittée en avril 2011. Et où il s'était illustré par une opération marketing particulière: une distribution de quelques milliers d'euros sous forme de billets de banque sous la tour Eiffel. Aujourd'hui, retour à la normale: il a produit la comédie musicale «Robin des bois», annoncée pour septembre 2013, et fondé un organisme de formation au digital, Going to digital.

Au côté de Stéphane Boukris, trois entrepreneurs du Net sont de la partie pour L'Express Ventures: Simon Istolainen, cofondateur des sites de musique et de cinéma participatifs My Major Company et People for Cinema; Eric Bennephtali, fondateur du groupe de sites de loterie gratuites Mediastay (Kingoloto, Bananalotto...); enfin Laurent Schwartz, fondateur du site de vente et achat d'or Gold.fr.

D'ores et déjà une page Twitter

Entre ces quatre Net-entrepreneurs et le groupe Express-Roularta, les rôles sont clairement répartis. «Nous assurerons la promotion de ces entreprises à travers nos médias et nos sites Web, et nous les suivrons deux à trois ans», explique Corinne Denis. Si le groupe de presse n'exclut pas d'y prendre des parts à moyen terme, pour l'instant, «seuls les entrepreneurs y investiront, par leur argent propre ou les fonds d'investissement auxquels ils sont associés», précise-t-elle. De fait, Simon Istolainen avait déjà investi des fonds comme «business angel» dans les start-up Lining Social et Wizee.

Corinne Denis se chargera de la présélection des dossiers, qui seront ensuite validés par un comité interne au groupe.

Le fonds, déjà doté de sa page Twitter, est destiné à «aider les start-up en amorçage: nous n'assurerons pas leur hébergement, mais le suivi d'entreprise, leur accompagnement pour une éventuelle seconde levée de fonds... Notre prise de participation pourra monter jusqu'à 20%», indique Stéphane Boukris.

«No comment» sur le capital initial et le portefeuille des investissements dans les futures start-up ni sur les premiers projets retenus. En toute hypothèse, les start-up «devront être de près ou de loin dans l'univers des nouveaux médias, des technologies, de la mobilité, des applications mobiles ou encore du marketing direct et du webmarketing, précise Stéphane Boukris.En proposant ce projet à Corinne Denis, je me suis mis dans la peau d'une entrepreneur qui a besoin d'un coup de pouce et de visibilité, ce que peut apporter un groupe de presse.»

Pourquoi un groupe de presse se lance-t-il, lui, dans une telle activité? Cela lui permet de faire de la veille et de la recherche et développement par procuration, en aspirant - voire en réexploitant - des innovations et nouveaux services qu'il n'aurait pu développer en interne.

La maison mère de L'Express est ainsi le premier groupe média français à se lancer dans l'incubation de start-up. Outre-Atlantique, le concept commence à se développer. En janvier, Philadelphia Media Network, éditeur de The Inquirer, ouvrait son incubateur, Project Liberty. Début juin, comme le révélait Techcrunch, repris par Le Figaro, le groupe audiovisuel américain Turner Broadcasting, maison mère de la chaîne CNN, a ainsi son incubateur de start-up, le Media Camp.

La promotion des six premières start-up retenues, accompagnées dans un programme de douze semaines, sera dotée chacune d'un chèque de 20 000 dollars en échange d'une participation de «maximum 6% du capital»

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