La couverture des Jeux par les médias relève de la course d'obstacles pour les journalistes "non détenteurs de droits", bien qu'accrédités.

L'avoir ou pas. Dans la famille «accrédités aux J.O.», tous les journalistes ne sont pas logés à la même enseigne. En télévision, il y a les détenteurs de droits. Ceux-là ont accès en priorité à tous les sites, toutes les images, tous les athlètes.

Et il y a les autres, les «non-détenteurs de droits». Ceux-ci sont contrôlés, n'ont pas l'autorisation de tourner dans les enceintes sportives, encore moins de filmer les épreuves sportives... réservées aux chaînes détentrices de droits qui ont payé plusieurs dizaines de millions d'euros pour cela, comme France Télévisions.

 

Brassards contingentés

 

Pour les non-détenteurs, c'est la course quotidienne aux autorisations. «La difficulté, c'est d'approcher les sites au plus près pour les tournages, explique Sandra Boulanger, de BFM TV. On tourne alors des sujets alternatifs, notamment dans Londres. Pour cela aussi, il a fallu obtenir une accréditation auprès de la mairie, le London Media Center».

Pour autant, être non-détenteur de droits n'interdit pas d'être accrédité. C'est le cas pour TV5 Monde. La chaîne francophone internationale a dépêché un binôme à Londres, une journaliste et un cameraman. «Le seul site olympique où nous pouvons tourner est le centre média, indique Karine Henry, reporter de TV5 Monde (photo). On peut aussi accéder au parc olympique, mais il faut demander un brassard, et il y en a cinq par jour seulement.» En revanche, interdiction de tourner dans le centre commercial de Westfield qui jouxte le parc!

La bouée "Club France"

 

Au final, tout ce petit monde se retrouve au Club France, QG de l'équipe de France olympique et repère des journalistes français. «Ici, c'est très facile d'approcher les athlètes français et les médaillés, se félicite Sandra Boulanger de BFMTV. «Heureusement qu'il y a le Club France, car dans le village olympique, les athlètes n'ont officiellement pas le droit de nous parler, souligne Karine Henry de TV5 Monde. Dans le cas contraire ils risquent d'être sanctionnés par leurs comités olympiques nationaux.»

Du coup, les non-détenteurs de droits se paient des journées de forçats. «J'enchaîne les directs et les reportages de 9h du matin à pratiquement minuit», confie Ludovic Deroin, journaliste à Infosport (photo), qui avoue être déjà «sur les genoux» après une semaine de Jeux.

L'importance du carnet d'adresses

 

En presse aussi, les non-accrédités jouent le système D, comme ceux du site spécialisé Vélo 101, qui n'a pas obtenu le précieux sésame presse de la part du Comité international olympique. Le duo de journalistes a pris ses quartiers dans le Club France. «Le terrain ne nous manque finalement pas trop, car les épreuves cyclistes sont bien couvertes par la télévision et ici nous avons accès aux coureurs français», indique Philippe Lesage, le fondateur de Vélo 101 qui travaille tout de même avec un photographe accrédité pour illustrer leurs informations.

«Il y a aussi le téléphone pour joindre les coureurs ou l'encadrement, poursuit Philippe Lesage. Nous avons noué de bonnes relations avec eux. C'est le fruit de longues années de travail.» Mais le terrain reste important. Les deux journalistes de Vélo 101 vont tout de même aller voir les vététistes, qui disputeront leurs épreuves en dehors du parc olympique et seront ainsi plus accessibles. Ils se sont aussi offert des places pour le BMX. «C'est un galop d'essai avant Rio en 2016, assure Philippe Lesage. Nous prouvons avec notre couverture que nous avons une légitimité pour être accrédités.»

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