«La feuille de route est claire et la route est large.» En présentant le 25 septembre sa mission «Culture-Acte 2», avec la ministre Aurélie Filippetti, Pierre Lescure a confirmé que la future loi destinée à remplacer Hadopi sera très ambitieuse. Il ne s'agit plus tant de pénaliser les téléchargeurs de fichiers pirates, que d'accoucher d'un nouveau cadre d'exception culturelle alors même que la très libérale commissaire européenne à la Société numérique Nelly Kroes, considère que le droit d'auteur est un frein à la libre circulation des œuvres. Sont concernés aussi bien la musique que le cinéma, l'audiovisuel ou la presse. C'est donc toute la politique culturelle de la France, depuis la chronologie de médias – qu'il importe de revisiter pour créer une offre légale de films plus attractive – jusqu'à la fiscalité des distributeurs de contenus, qui est remise sur le métier. La ministre de la Culture entend défendre les créateurs, assurer la contribution des plateformes de distribution en trouvant «une base fiscale à des entreprises échappant à la territorialisation» (Google, Amazon...) et, bien sûr, satisfaire les internautes. «Il n'y aura pas de solution blanche ou noire», a affirmé de son côté Pierre Lescure, l'actuel directeur du théâtre Marigny, qui veut mettre en place une «offre graduée»: «Il y aura un partage non marchand, une forme de licence globale et une offre graduée extrêmement abordable; plus on sera proche de l'exclusivité, plus le prix sera évident.» Pas question pour autant d'oublier la «régulation», la «surveillance» et la «sanction», dixit l'ancien PDG de Canal+, même si l'amende remplacera sans doute la coupure à Internet au bout de l'échelle répressive. L'UFC Que Choisir et la Quadrature du Net ont refusé de participer à la mission de Pierre Lescure, jugé trop proche des intérêts des ayant droits.
