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En agrégeant les articles produits par les sites d’actualité, le moteur de recherche tire profit de contenus qu’il ne produit pas. D’où l’idée d’une taxe défendue par certains éditeurs. Les pure players y sont hostiles.

Faut-il taxer Google pour financer la presse en ligne? Prenant appui sur un projet de loi adopté en Allemagne cet été, les éditeurs français de l'association de la presse d'information politique et générale (IPG) demandent au gouvernement de créer un droit voisin du droit d'auteur afin de rémunérer les éditeurs dont les articles sont indexés en ligne. Surnommée «Lex Google» par ses détracteurs, cette loi obligerait le moteur de recherche à payer à l'Etat un droit à l'indexation, qui serait ensuite redistribué aux éditeurs.

«Ce n'est pas anormal de demander des comptes à Google, explique Philippe Jannet, directeur général du GIE E-Presse Premium. Celui-ci améliore son moteur, enrichit son business grâce à l'indexation d'articles qu'il ne produit pas. La plupart des acteurs, comme Yahoo ou MSN, ont des accords avec les éditeurs, contrairement à Google qui, depuis dix ans, refuse de se mettre à la table des négociations.»

 

Un risque de dépendance accrue

Réclamée depuis trois ans par Laurent Joffrin, patron du Nouvel Obs, cette «taxe Google» ne fait toutefois pas l'unanimité. A commencer chez les pure players, pour qui elle accentuerait encore la dépendance des sites d'information vis-à-vis du moteur de recherche. «Nous sommes d'accord pour dire qu'il y a un vrai problème de propriété intellectuelle dans l'indexation de nos contenus, souligne Maurice Botbol, président du Syndicat de la presse indépendante d'information en ligne (Spiil), mais une taxe renforcerait la prédominance de Google alors que les sites sont déjà très dépendants du moteur de recherche du point de vue de l'audience et donc des revenus publicitaires. Et cela réduirait encore davantage le pluralisme sur Internet.»

Pierre Haski, président de Rue 89, va plus loin: «J'ai des sueurs froides quand j'entends qu'il faut faire payer Google car cela accentuera encore l'homogénéisation de l'information si les revenus sont liés au référencement. Ce sera Kate Middleton du matin au soir», a-t-il déclaré mercredi 3 octobre aux Assises du journalisme.

L'association IPG travaille sur l'ébauche d'un projet de loi qu'elle enverra prochainement au gouvernement. De son côté, Google, dont la rubrique actualité réunit à elle seule près de 3,4 millions de visiteurs uniques par mois en France, se défend de tirer profit des articles indexés: Google Actualités ne comporte pas de publicité et le moteur de recherche est avant tout source de trafic pour les éditeurs. «C'est difficile de demander à l'Etat de taxer Google alors que celui-ci ne paie déjà pas ses impôts en France», conclut Maurice Botbol.

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