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A l’instar des maisons de disques, les quotidiens français sont de plus en plus nombreux à envisager de vendre leurs articles à l’unité sur Internet. Un modèle qui n’est pas sans risque.

Vendre à l'unité les articles d'un journal comme on vend une à une les chansons d'un album musical: l'idée fait son chemin parmi les éditeurs français. Fin août, Le Monde était parmi les premiers à tenter l'expérience avec la mise en vente sur son site Internet, à l'unité, des articles d'ordinaire réservés aux abonnés. Le prix: 2 euros l'article, soit deux fois et demi le prix du journal en version électronique. «C'est un service que nous rendons au lecteur. Ça s'adresse à un besoin très précis, donc le prix n'est pas un frein», assure Isabelle André, PDG du Monde interactif. Pour l'instant, le titre ne propose pas de porte-monnaie électronique. A la différence d'Itunes, Le Monde impose de sortir sa carte bancaire pour chaque achat.

Démocratisé par la musique et le secteur des applications pour mobile, le micropaiement gagne la presse en ligne, en quête de nouvelles recettes. Au Figaro, où une réflexion est en cours pour mieux valoriser la zone payante du site, la vente d'articles à l'unité fait partie des pistes envisagées. «Nous allons tout essayer, voir ce qui marche, indique Alexis Brézet, directeur de la rédaction. Mais je crois davantage à la vente au numéro qu'à la vente à l'acte car cela ressemble à un objet.»

Xavier Spender, PDG de L'Equipe 24/24, estime lui que «la vente d'articles à l'unité peut être un élément parmi d'autres pour mieux valoriser les contenus». Mais, précise-t-il, «notre objectif est surtout de développer nos abonnements digitaux». Le quotidien diffuse chaque jour 3 500 exemplaires au format numérique, soit moins de 2% de la diffusion individuelle payée. 

Prisé par certains titres de la presse professionnelle, comme les publications du groupe Indigo, le micropaiement est un des deux piliers sur lequel repose l'e-magazine personnalisé Youmag, fondé par Guillaume Multrier, Antoine Levêque et Nicolas Schaettel. En plus d'agréger les contenus gratuits de plus de 5 000 sources, dont nombre de titres de presse, il se lance aujourd'hui dans la vente d'articles à l'unité. Premier titre à intégrer cette offre, Gala, dont les contenus sont vendus 20 centimes d'euro pièce. Des discussions sont également en cours avec Stratégies.«Notre ambition est de devenir une sorte de Spotify de la presse», résume Antoine Levêque, en référence au service d'écoute de musique en ligne.

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Ventes d'article non prises en compte par l'OJD

Pour l'heure, Youmag fait office d'exception. Pas question pour le kiosque du GIE E-presse premium, qui regroupe les principaux éditeurs de presse d'information, de se lancer dans la vente à la découpe de la presse. «Nous ne sommes pas des producteurs d'information, nous sommes des éditeurs de journaux, avec une ligne éditoriale, des choix rédactionnels. Je trouve choquant de dire que la vente à l'acte est l'avenir de la presse», tranche Philippe Jannet, directeur général du GIE.

«Nous sommes une plate-forme de distribution des titres in extenso. Les désagréger n'est pas dans notre modèle. Nous essayons de valoriser les journaux et les magazines en tant que tels», ajoute Xavier Spender, le PDG de L'Equipe 24/24, également président du GIE. D'autant que la vente d'articles à l'unité n'est pas comptabilisée par l'OJD, contrairement aux versions numériques des journaux.

De son côté, si Le Monde propose depuis la rentrée la vente à l'unité de ses articles, l'achat à l'acte n'est pas le cœur de sa stratégie. «Pour dégager un vrai relais de croissance, il faudrait des volumes énormes, ce qui me paraît difficile d'autant que nous sommes sur un secteur où il y a beaucoup d'informations gratuites. Notre pilier va rester l'abonnement», explique Isabelle André, qui vise 200 000 clients digitaux par mois, contre 42 000 aujourd'hui.

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