En obtenant 79,4% des voix de la Société des rédacteurs du Monde le 1er mars, la journaliste de 46 ans succède à la direction du Monde à Erik Izraelewicz, décédé fin novembre 2012.

Pour la première fois de l'histoire du journal, une femme dirigera Le Monde. Choisie par les trois actionnaires après le décès brutal d'Erik Izraelewicz fin novembre 2012, Natalie Nougayrège, 46 ans, correspondante diplomatique du quotidien du soir après avoir passé cinq ans en poste en Russie, a été adoubée par la Société des rédacteurs du Monde (SRM) par 79,4 % des voix. Pour prendre la direction du quotidien, elle devait obtenir 60% des voix.

Lors de sa désignation par les actionnaires du Monde, Louis Dreyfus, président du directoire du groupe, estimait qu'elle «incarne une forme d'excellence journalistique et porte haut les valeurs du Monde. Elle a une rigueur que personne ne peut mettre en doute et de l'enthousiasme à diriger Le Monde.»

Peu d'appétence pour les nouveaux médias

Le vote de la SRM n'était pourtant pas une simple formalité: en 2007, Jean-Marie Colombani avait vu sa candidature à un troisième mandat à la tête du Monde rejetée par la SRM.

Lauréate du prix Albert-Londres en 2005 pour ses reportages en Tchétchénie et sur la prise d'otages dans l'école de Beslan, en Russie, Natalie Nougayrède n'était pourtant pas très connue de la rédaction du Monde, car «elle assez individualiste, comme tout journaliste», expliquait alors une source interne. Son absence d'expérience dans le management et sa faible appétence pour les nouveaux médias pouvaient également jouer en sa défaveur. Pourtant, le 1er mars, la journaliste a appelé, devant les rédacteurs du Monde, à «relever tous les défis du numérique».

Attirer les jeunes

Après la relance du journal opérée ces deux dernières années par Erik Izraelewicz, du lancement du magazine M à la refonte de tous les suppléments du journal, Natalie Nougayrède aura pour premiers chantiers la refonte de la zone abonnée du site Internet et le lancement d'un supplément économique quotidien en avril.«Aujourd'hui, l'un de nos principaux défis est d'amener les moins de 25 ans vers nos marques, soulignait Louis Dreyfus début février. La logique mêlant gratuit et payant permet cela. C'est probablement ce qui permettra de compenser les difficultés que nous rencontrons dans la distribution et dans les kiosques. Notre intérêt n'est pas d'être une marque uniquement payante, sinon nous serons une marque qui vieillit avec son public.»

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