politique
Retour sur la deuxième conférence de presse de François Hollande, jeudi 16 mai. Après les propos liminaires, 400 journalistes se disputent le micro...

«Attention où vous mettez les pieds!» Pour avoir voulu enjamber le petit rail qui sépare la salle de la conférence de presse de ses contre-allées délimitées par un cordon rouge, un journaliste est vertement chapitré par un ouvreur. Ce n'est pas rien, le petit rail. Etendu sur une trentaine de mètres, il permet à la production élyséenne de garantir un spectacle hollywoodien lors de la deuxième conférence de presse de François Hollande, le 16 mai dernier: travellings, gros plans et vue imprenable sur les membres du gouvernement sagement assis, notamment Laurent Fabius que le site l'Internaute jure avoir vu s'assoupir.

Caractéristique de ladite conférence: elle comporte une partie liminaire de plus de 42 minutes qui permet au président de la République de vanter les mérites de son action et de faire quelques annonces devant les 400 journalistes présents: appel à un gouvernement économique dans la zone euro, plan de financement à dix ans dans le numérique ou la santé, autorisation accordée en cas de non réponse de l'administration...

Puis viennent, pendant 1h49, les 29 questions des journalistes présents. Très vite, une forêt de mains se lève. A la différence des conférences version Nicolas Sarkozy, peu de risques d'être méchamment raillé avec François Hollande: les ouvreurs à l'Elysée sont sans doute plus craints que le Président. Un journaliste du Lab d'Europe 1 est bien gentiment tancé après avoir demandé pourquoi le compte Twitter du chef de l'Etat est «silencieux depuis le 18 mai 2012» («Quelle question! Aurais-je manqué d'esprit de décision? Serait-ce la preuve de mes mauvais sondages...? Je n'aurais pas tweeté comme il convenait...»). Mais reconnaissons qu'avant l'intervention d'un journaliste d'Al-Jazira («Plus de 90 000 morts en Syrie, est-ce que la ligne rouge n'est pas franchie?»), la twittosphère en tant que sujet de communication relève un peu du nombrilisme.

 

Surreprésentation de l'audiovisuel

Comment faire pour poser une question? L'adoubement des conseillers en communication de l'Elysée, Christian Gravel et Claudine Ripert-Landler, assuré par SMS auprès de la porteuse de micro, est indispensable. L'objectif est d'assurer un certain équilibre entre les médias et les familles de presse (régionale, nationale, internationale...). S'il n'est pas inutile de lever la main pour se signaler, la prime va d'abord à ceux qui sont connus des services de l'Elysée.

D'où une surreprésentation des questions de journalistes de l'audiovisuel - douze télévisions et sept radios. BFM TV a droit au micro par deux fois pour ce qui relève parfois de la mise en scène formatée pour la chaîne d'information continue. Son journaliste politique Thierry Arnaud relève que François Hollande est le «président le plus impopulaire de la Ve République» en lui posant des questions qui n'appellent pas vraiment de réponse: «Quelle part personnelle de cette impopularité assumez-vous? Qu'est-ce que vous n'avez pas fait? Qu'avez-vous raté?» François Hollande a tôt fait de botter en touche en répliquant «on ne cherche pas être impopulaire».
Plus loin du show et du souci d'apparaître dans le champ de la caméra, la presse écrite pose plus volontiers de vraies questions. Le Parisien demande si l'amnistie pour les dégradations commises par des syndicalistes a été promise à Jean-Luc Mélenchon. «Je suis contre les amnisties», répond François Hollande. Les interventions des télévisions sont plus souvent l'occasion de bons mots. «Etes-vous un Président qui tranche?», demande une reporter de TF1. «Dites-moi sur quoi, rétorque le chef de l'Etat. "Montebourg", lance-t-on dans la salle. «Là, vous me demandez de trancher les têtes», fait rire le Président.

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