Quelques mois après avoir supplanté Thomson Reuters au rang de première agence d'information financière du monde, Bloomberg affronte la plus importante crise de ses trente-deux ans d'histoire. Des fuites informatiques ont fait état des habitudes prises par les journalistes de l'agence pendant plusieurs années, qui utilisaient les données des terminaux loués aux clients pour récolter des informations susceptibles de devenir des scoops. Des échanges de messages au sein de Goldman Sachs, de JP Morgan, et d'une douzaine d'autres firmes, au minimum, ont pu être captés, dans une proportion encore mal déterminée.
Fondée par l'actuel maire de New York, Michael Bloomberg, l'agence loue 300 000 terminaux à des banques, des multinationales et des hedge funds. Pour 20 000 dollars par employé et par an, les clients ont accès à une large variété d'informations, d'analyses, de recherches financières.
Un contexte sensible
"Malheureusement pour Bloomberg, cette affaire intervient dans une période où les questions relatives à la protection des données privées sont particulièrement sensibles, tant dans le monde de l'entreprise que dans l'ensemble de la société. En conséquence, ce qui n'aurait probablement pas été perçu comme un cas majeur de rupture de confiance dans un autre contexte pourrait être analysé de façon beaucoup plus significative", estime l'analyste Douglas B. Taylor.
Cette affaire pourrait être à Bloomberg ce qu'est le scandale des écoutes téléphoniques au groupe de presse News International (Murdoch), au Royaume-Uni, en sachant que Bloomberg est régulièrement cité comme un potentiel repreneur du Financial Times. Bloomberg a dépassé Thomson Reuters l'an dernier pour la première fois, avec un chiffre d'affaires de 7,9 milliards de dollars (contre 7,5 milliards), loin devant les autres agences.
