Michel Denisot le dit lui-même dans le Parisien du 7 juin: «J'ai eu envie d'arrêter à Cannes quand un fou a tiré deux coups de feu sur la Croisette avec une fausse grenade à la main, ce qui a conduit à l'évacuation du plateau. Ca m'a marqué.» Le présentateur a gardé son flegme mais ces détonations de balles à blanc ont résonné étrangement à ces oreilles. Pour une fois, cette irruption accidentelle ne faisait pas partie du spectacle, la mise en scène n'était pas signée Renaud Le Van Kim et la mécanique bien huilée du Grand Journal n'avait servi à rien.
Et puis, il y a eu cette saison en demi-teinte: des audiences en baisse à 1,6 million de téléspectateurs, contre 1,7 million en 2012, une image un peu malmenée dans la presse et dans le livre d'Olivier Pourriol, l'ancien chroniqueur littéraire devenu critique de l'émission. Sans oublier la concurrence de Touche pas à mon poste, de la sœur D8, qui tend à siphonner les 15-34 ans. «Chaque année, nous changeons 30% du Grand Journal, rappelle-t-on à Canal+. L'arrêt de Bref et du SAV, qui étaient des produits d'appel, a compté dans la baisse de l'audience.» Michel Denisot va désormais se consacrer à la direction de Vanity Fair, lancé le 25 juin.
Cartes rebattues
Le Grand Journal est loin d'être la principale victime de la guerre de l'avant-soirée à laquelle se sont livrées les chaînes durant cette saison. En faisant une razzia sur les jeunes et les ménagères, Cyril Hanouna a rebattu beaucoup de cartes. Entre septembre et mai, la part d'audience de la case 18h30-20 heures a littéralement explosé sur toutes les cibles de D8: elle est passée de 1,1 à 5,1 points sur les plus de 4 ans, mais surtout de 1 à 9,1% sur les ménagères de 15 à 49 ans, de 1,2 à 9% sur les CSP+ et... de 1,5 à 14,4% sur les 15-34 ans. En access, D8 était au mois de mai la première chaîne sur les jeunes et la troisième sur les ménagères de moins de 50 ans.
Les principales victimes s'appellent TF1 et M6, qui abandonnent dans le même temps près de 20% de leur performance sur leur principale cible (soit près de 4 points de part d'audience sur les ménagères). Mais aussi TMC (TF1), qui s'attaquera à cet horaire stratégique avec Julien Courbet l'an prochain, et W9 (M6), dont l'audience dopée par Les Chtis est retombée sitôt l'arrêt de cette émission en mars. A l'inverse, NRJ 12 réalise une bonne fin de saison grâce aux Anges de la téléréalité et au buzz Nabilla (lire p.31).
Bref, on comprend que M6 ait fait les yeux doux à l'animateur, qui vient de resigner jusqu'en 2016 avec le groupe de Bertrand Meheut: même Canal+ (donc le Grand Journal) a subi l'effet Touche pas à mon poste en perdant un point de PDA sur les ménagères et 2,5 points sur les CSP+ en avant-soirée. «La formule est un peu usée, constate Philippe Nouchi, directeur de l'expertise médias de Vivaki. A part peut-être pour le Petit Journal, l'émission fait moins l'événement.» A voir si le ou la remplaçante de Michel Denisot - Maïtena Biraben? - saura dynamiser une tranche animée pendant neuf ans par un journaliste aussi crédible sur l'information que dans le divertissement.
ENC : Pda sur la ménagère de moins de 50 ans
«L'access prime time représente 15% du chiffre d'affaires publicitaire, souligne Philippe Nouchi (Vivaki). Ce n'est pas considérable, mais c'est une tranche de rendez-vous qui continue de drainer vers le prime.» Entre septembre et mai, voici les parts d'audience moyennes sur les ménagères 15-49 ans de la case 18h30-20 heures: TF1: 22,8% de pda (-19,5%*), M6: 18,5% (-19%*), France 2: 8% (+14,9%*), D8: 6,2% (+810%*), France 3: 5,6% (-13,1%*), NRJ 12: 4,9% (+67,8%*), W9: 4,6% (-27%*), TMC: 3,8% (-52,8%*), Canal+: 3,7% (-23,4%*), NT1: 2,5% (+23,5%*), France 5: 2,3% (-8%*), France 4: 1,2 (-16,7%*), Gulli: 1,2% (-21,4%*).
*Les valeurs entre parenthèses renvoient aux évolutions de parts d'audience entre septembre et mai. Traitement Vivaki des chiffres Médiamétrie.