Rentrée télé
Lors d’une longue conférence de presse, le président de France Télévisions et ses équipes ont rendu publique la stratégie de développement du groupe, qui devra compter sur 300 millions de recettes en moins à l'horizon 2015.

France Télévisions a décidé de marquer de son discours cette rentrée télé. Malgré la présentation des grilles de ces cinq chaînes nationales en juillet (France 2, France 3, France 4, France 5, France Ô), le groupe audiovisuel public a de nouveau repris la parole ce mardi 27 août. Une heure trente de conférence de presse des dirigeants de France Télévisions ce matin au siège parisien du groupe.

 

Une nouvelle occasion pour Rémy Pflimlin d'exposer sa stratégie de développement. Pour la troisième rentrée de son mandat, le patron de France Télévisions a réaffirmé les valeurs de son groupe: universalité, diversité, indépendance, transparence et innovation.

300 millions d'euros en moins

«Nous avons besoin d'un audiovisuel public fort, véhicule de la création et qui puisse faire le lien entre nos concitoyens», a martelé d'entrée le président - qui juge «utile et nécessaire» un mandat de cinq ans, signe que ses relations avec le gouvernement se sont apaisées depuis qu'il est parvenu à un accord sur l'avenant au Contrat d'objectifs et de moyens de France Télévisions (ce COM devrait être signé «probablement en novembre» après sa présentation au Parlement et en comité central d'entreprise).

 

«Parmi les principaux chantiers lancés, nous avons deux défis importants à relever, a déclaré Rémy Pflimlin. Le premier est économique. Nous devons nous adapter à des ressources en baisse et donc faire des choix, mais sans reculer sur nos priorités. Le second est de faire prendre le virage numérique à France Télévisions. C'est l'objectif principal de mon mandat.»

 

La baisse programmée des ressources du groupe public est de l'ordre de 10%, soit une amputation sur le budet de 300 millions d'euros à l'horizon 2015. A cette échéance, selon Martin Ajdari, secrétaire général de France Télévisions, le groupe devra être revenu à l'équilibre, après une perte estimée de 40 millions d'euros en 2013.

 

Emploi: le même niveau qu'en 2007

 

Sur l'aspect financier, le groupe public a déjà lancé un plan d'économie. «Un effort sur la productivité interne a été entrepris, a indiqué Martin Ajdari. Au niveau des emplois, nous sommes revenus à celui de 2007 [10 200 salariés]. La mutualisation des achats nous a fait gagner 7 millions d'euros. La baisse de notre train vie a, en deux ans, fait reculer de 10% les frais de mission et de 20% les coûts des relations publics et relations presse.»

 

Du côté des recettes, Rémy Pflimlin et ses équipes espèrent toujours commercialiser des écrans après 20heures, alors que le maintien de la publicité en journée après 2015 est acquis. «Le fait de n'avoir aucun écran puissant en prime time nous handicape, estime-t-il. Si on peut évoluer sur des écrans plus puissants, il faudra réouvrir le débat.»

Le président de France Télévisions espère aussi récupérer 2 euros de plus sur la redevance, jugée «très faible», soit 50 millions d'euros au total. Il compte également tirer parti de l'exploitation numérique des programmes en générant des recettes de vidéo à la demande (VOD) et par abonnement (SVOD).

Selon Martin Ajdari, le groupe doit trouver une contrepartie à ses lourds investissements dans la création (420 millions d'euros annuels, +10% depuis 2007) en ayant la possibilité de faire circuler ses œuvres sur tous les supports. Il souhaite aussi intégrer ses investissements numériques à ses quotas de production.

 

Rappelons que la ministre de la Culture et de la Communication Aurélie Filippetti a confié le 18 juin à Laurent Vallet, directeur général de l'Institut pour le financement du cinéma et des industries culturelles (Ifcic) une mission relative à l'obligation légale faite aux éditeurs de services de télévision de contribuer au développement d'œuvres audiovisuelles.

 

Acte fondateur de l'entreprise unique

 

«Les recettes publicitaires seront en retrait en 2013, a confirmé Martin Ajdari sous le regard de Daniel Saada, président de la régie. Nous subissons aussi la baisse de la valeur unitaire des spots, mais contrairement aux autres chaînes, il est impossible pour nous de se refaire sur les écrans de soirée. En conséquence, nos recettes publicitaires reculent plus vite que le marché. C'est une menace.» L'arrivée de six nouvelles chaînes HD en décembre dernier et l'entrée de Canal+ dans la télévision gratuite avec D8 et D17 augmente en effet l'offre disponible.

Par ailleurs, Patrice Papet, directeur général délégué aux ressources humaines et aux projets de France Télévisions, a qualifié d'historique l'accord signé au début de l'été avec les organisations syndicales. «C'est l'acte fondateur de l'entreprise unique qui permettra à France Télévisions de poursuivre son effort de modernisation et l'adaptation de nouvelles méthodes de travail.»

Un plan de départ volontaire portant sur «600 équivalents temps plein» sera présenté dans un mois lors du prochain comité central d'entreprise.

Bruno Patino, directeur général délégué aux programmes, aux antennes et aux développements numériques, s'est félicité du développement numérique des antennes du groupe. «La télévision n'est plus regardée de la même façon et pour les mêmes choses, a-t-il affirmé. Désormais, il faut être accessible pour tout le monde et partout, développer la conversation et le partage, et développer les expériences de diffusion d'un même programme.»

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