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Avec une grille profondément remaniée, le nouveau directeur général d’Europe 1, Fabien Namias, se donne deux saisons pour faire de sa station la troisième radio de France. Explications.

Quel est le ton de la nouvelle grille d'Europe 1 ?

Fabien Namias. Europe 1 est une radio de qualité, d'innovation, qui doit apporter sans cesse des nouveautés. C'est aussi une radio impertinente, insolente, qui ne s'épanouit que lorsqu'elle a le sens de la transgression et mord un peu la ligne jaune. Ces derniers mois, nous étions sur une petite pente qui nous amenait vers un peu de consensus, de mollesse. Nous devons renouer avec l'impertinence.

 

Pourquoi avoir confié la matinale à Thomas Sotto ?

F.N. Thomas Sotto est quelqu'un de vif, de précis, de bosseur et d'irrévérencieux. Il n'a pas froid aux yeux, il aime quand l'échange est vif, corrosif; il n'essaie pas d'arrondir les angles. Dans notre manière de traiter l'information, il n'y aura pas de frein politique, ni économique. On ne va pas se dire qu'il ne faut pas poser cette question car il s'agit d'un homme au pouvoir ou d'un annonceur d'Europe 1. Les patrons de médias les plus heureux sont ceux qui reçoivent le plus de coups de fil.

 

Dans quel sens faites-vous évoluer la matinale ?

F.N. Nous devions clarifier notre offre en recentrant la matinale sur l'information. Mis à part Nicolas Canteloup, il n'y a plus de pastille d'humour le matin. Les programmes d'information et de divertissement sont clairement distincts. Europe 1 continue de rigoler, de caricaturer, de divertir mais plus tard dans la journée. Je déteste l'«infotainment». C'est un modèle qui a pu fonctionner à une époque mais cela ne correspond plus aux attentes des auditeurs.

 

Pourquoi mettre à l'antenne un politique comme Daniel Cohn-Bendit ou l'ex-patronne du Medef, Laurence Parisot ?

F.N. Daniel Cohn-Bendit, qui n'a plus de mandat électif, a une vraie singularité. Il a un avis assez éclairé sur tout; c'est un bon client. J'aime son esprit libre, libertaire. Comme Nicolas Barré, des Echos, d'inspiration libérale, il est capable de penser contre lui-même. Laurence Parisot est là pour défendre les valeurs d'entreprise auxquelles elle croit.

 

Avez-vous cédé à l'effet de mode en recrutant Cyril Hanouna en fin de matinée ?

F.N. Si nous avions cédé à la facilité, nous ne l'aurions pas recruté, compte tenu du public qui écoute la radio à cette heure-là. Cyril Hanouna a une audience très jeune sur D8, c'est donc un pari pour nous. L'objectif est d'élargir l'auditoire d'Europe 1 et non seulement de le rajeunir ou de l'urbaniser, ce qui serait suicidaire.

 

Dans le nouveau Europe 1 Midi vous donnez la parole aux auditeurs. Vous inspirez-vous du succès de RMC ?

F.N. Europe 1 avait un petit défaut : il y avait un côté entre soi, un schéma un peu arrogant qui ne fonctionne plus aujourd'hui. Nous devions ouvrir la porte de nos studios, sans être pour autant une radio de proximité, ni d'opinion. Dans Europe 1 Midi, Wendy Bouchard permet aux auditeurs en studio de poser leurs questions à nos invités et à nos journalistes. RMC a recours aux auditeurs pour avoir leur avis; nous, nous ne leur demandons pas leur avis, ils sont là pour poser leurs questions. C'est de l'antiradio défouloir.

 

Quelles sont vos ambitions en termes d'audience ?

F.N. La place historique d'Europe 1 est d'être sur la troisième marche du podium, et donc à plus de 10% d'audience cumulée. Nous voulons une audience durable et solide, ce qui prend du temps. Nous avons besoin de deux saisons complètes pour cela. En juillet 2015, l'heure du bilan aura sonné.

 

La télévision vous manque-t-elle ?

F.N. Non, et je ne sais pas faire deux choses en même temps. Je me méfie des patrons qui sont leur propre patron. Cela altérerait la relation de confiance entre les collaborateurs d'Europe 1 et moi-même. Je suis là pour faire progresser la radio, pas ma notoriété.

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