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Pour développer son audience le soir, Fun Radio fait renaître son émission emblématique des années 1990, «Lovin’ Fun». Quinze ans après, Le Doc fait son retour sur les ondes.

Christian Spitz, alias Le Doc, se souvient de cet auditeur qui voulait des conseils pour «durer plus longtemps au lit». L'adolescent de 15 ans explique qu'avec sa copine les choses ne durent pas plus de… 30 minutes. «Ça, ça n'existait pas avant. C'est la conséquence de la banalisation de la pornographie. Les adolescents s'imaginent qu'un rapport doit durer une heure trente», explique le pédiatre.

Chaque soir, de 20 à 23 heures, aux côtés des animateurs Karima Charni et Karel, il répond en direct aux questions des auditeurs sur l'antenne de Fun Radio dans Lovin'Fun. Une émission qui a fait les beaux jours de la station dans les années 1990, lorsque Le Doc était associé à Difool, aujourd'hui sur Skyrock. «A l'époque, les adolescents qui nous appelaient devaient ruser avec le téléphone familial. Aujourd'hui, ils sont dans leur chambre, avec leur téléphone portable», note Le Doc. Quand ils ne passent pas par Facebook ou par Twitter.

Les problèmes qu'ils ont, eux, n'ont pas tellement changé. «La maturité des auditeurs est différente, mais les questions qu'ils posent tournent toujours autour de la sexualité, de leur famille, de l'école, de la vie et de la difficulté qu'ils ont à s'affirmer», souligne Christian Spitz.
Certes, ils s'interrogent moins sur le sida et plus sur les opérations de chirurgie esthétique qu'ils pourraient faire pour ressembler, par exemple, aux actrices des films X qu'ils peuvent voir partout sur Internet, et non plus seulement en tombant sur une cassette vidéo par hasard. «Ils sont beaucoup plus exposés à la pornographie hard», estime Le Doc.

Une marque toujours forte ?

Diffusée de 1992 à 1998, avec pour slogan «Sexe, capote et rock'n roll», l'émission Lovin'Fun était écoutée à l'époque par près d'un million d'auditeurs chaque soir, contre 340 000 la saison dernière pour La Libre Antenne de Karel, de 21 heures à minuit. «Nous avions besoin de trouver un accélérateur le soir, en termes d'audience et de visibilité, explique Jérôme Fouqueray, directeur général des radios musicales du groupe RTL, propriétaire de Fun Radio. Nous voulions également capitaliser sur une marque forte de l'histoire de Fun Radio tout en nous différenciant de la concurrence.»

En face, Sébastien Cauet sur NRJ est écouté chaque soir par plus de 720 000 auditeurs tandis que Difool, qui a accompagné Le Doc de 1992 à 1994, rassemble près de 600 000 auditeurs au même moment sur Skyrock. «Cauet cherche à faire une performance autour de l'auditeur tandis que Difool a dit lui-même au Parisien qu'il n'était pas là pour donner des conseils. Nous, quand quelqu'un a un problème, on ne le tourne pas en dérision. Les auditeurs sont au centre de l'émission, l'animateur n'est qu'un faire-valoir», assure le docteur Christian Spitz.
Objectif: faire progresser l'audience du soir de 50% pour atteindre quelque 600 000 auditeurs. «C'est un choix très judicieux, qui peut faire gagner des auditeurs à Fun Radio en soirée», estime Isabelle Vignon-Rambaud, directrice du pôle plurimédia et radio chez Aegis Media. «Un vrai programme fort et emblématique, même si je ne suis pas sûr que Le Doc soit si emblématique que ça pour le public visé», tempère Jean-Pierre Cassaing, directeur du pôle radio chez Havas Media.
«C'est un nouveau projet, une nouvelle émission pour des gens qui n'ont pas connu le Lovin'Fun de l'époque», martèle l'animateur-médecin, qui ne veut pas jouer la carte de la nostalgie. Lorsque Fun Radio a annoncé début juillet le retour à l'antenne de Lovin'Fun, sans Le Doc, le pédiatre a émis des réserves dans une tribune sur Le Plus du Nouvel Observateur, craignant «un coup marketing». Un mois plus tard, la station annonce finalement qu'il rejoint le projet. A lui désormais de faire exister Le Doc, soixante-trois ans, auprès de la génération Y.

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