Télévision
Les auteurs de fictions télé voudraient connaître les audiences des œuvres qu'ils ont écrites. Mais sans que cela n'influence les futurs scénarios.

Ces deux-là sont faits pour se rencontrer. Pourtant, auteurs et ménagères se toisent de loin. Ce sont les deux maillons extrêmes de la chaîne de la création audiovisuelle: les premiers écrivent les fictions que les secondes regardent... ou pas. Une mauvaise audience sur la cible des ménagères de moins de 50 ans peut définitivement enterrer la suite d'une série. Du coup, les auteurs, qui réclament l'accès aux études d'audiences, sont persuadés être sous le diktat des ménagères.
«Elles ont droit de vie ou de mort sur les programmes», lance Jean-André Yerlès, président de la Guilde française des scénaristes qui, à La Rochelle, en marge du Festival de la fiction TV (du 10 au 15 septembre 2013), a lancé un débat sur le sujet... et n'a pas hésité, dans l'intitulé de la rencontre, à traiter la ménagère de «connasse»! Une pure provocation.

Résultats parfois difficiles à entendre

«Nous savons que nous travaillons pour une industrie, mais nous avons la nécessité d'avoir tous les outils pour le faire», explique Jean-André Yerlès. «Nous avons une chaîne de décision à respecter, se défend Pierre Merle, directeur adjoint de la fiction de France 3. Notre interlocuteur, c'est le producteur.»

«Oui, nous avons les courbes d'audience, confirme Anne Holmès, directrice de la fiction de France 3. Nous avons aussi un baromètre d'image. Mais, quand on analyse un programme, les commentaires de nos services d'études sont parfois très durs. Alors, je veux bien vous les présenter, mais il faudra de votre côté bannir les mots "formatage" ou "castration".»

Autant dire que le dialogue n'est pas simple entre auteurs et diffuseurs. «Il y a une absence de langage entre nous sur des données comme les audiences», résume la scénariste Sylvie Coquart-Morel. «Mais, moi, je sais pour qui j'écris, rétorque Olivier Dujols, codirecteur d'écriture sur la saison 2 de Falco (TF1). TF1 nous a fourni toutes les études. Ce sont des contraintes, mais ça me convient. Toutefois, c'est après diffusion que j'aimerais avoir des explications.»

Twitter en juge de paix

Pourquoi tel scénario a marché, ou pas? Comment est apprécié un personnage? L'intrigue ne fait-elle pas fuir le téléspectateur? Les auteurs sont avides de chiffres... mais clament aussi que ces études ne doivent pas guider le scénario.

«Moi, j'ai trouvé mon étude: c'est Twitter, affirme Olivier Dujols. J'ai passé une soirée à suivre les commentaires des téléspectateurs lors de la diffusion de Falco. Et ça m'a donné des idées pour la suite.» Après le dictat de la ménagère, celui des réseaux sociaux ?

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