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Critiqué par les auteurs et les producteurs, ce format s’installe durablement sur les chaînes de télévision avec un modèle économique et des objectifs éditoriaux spécifiques.

Des histoires de voisinage ou de professeurs sur TF1 (Nos chers voisins, Pep's), de couples sur M6 (Scènes de ménages) ou de colocataires sur France 2 (Y'a pas d'âge)... Les rapports sociaux sont cuisinés à toutes les sauces dans de courtes fictions, toujours plus incisives et toujours plus présentes à la télévision. En cinq ans, les «shortcoms» ou «programmes courts» ont augmenté de 130% sur les chaînes historiques (voir encadré). Quant aux chaînes de la TNT, elles entrent aussi dans la danse, avec des marques comme Soda (W9) ou VDM (NT1).

Paradoxalement, ce succès fait grincer des dents. Les auteurs et producteurs craignent de voir les diffuseurs privilégier ce genre moins coûteux au détriment des écritures classiques, comme la série ou le 90 minutes. Des inquiétudes exprimées à La Rochelle, où s'est tenu le Festival de la fiction TV du 11 au 15 septembre.

M6 cristallise les critiques. La chaîne de Caméra Café et Kaamelott, qui se déclare numéro deux en termes de production de fictions derrière France 3, a fait des programmes courts une marque de fabrique. Trois projets sont en cours de diffusion, dont un produit par Jamel Debbouze, et une dizaine sont en réflexion. Selon un bilan du Centre national de la cinématographie (CNC), les «séries de format court» constituent 84,9% du volume horaire des fictions commandées par M6 en 2012. Et Scènes de ménages en représente même 55,9%.

 

Un coût de production moindre

«On est des fous de fictions françaises, se défendait Thomas Valentin, vice-président du directoire du groupe M6 en charge des antennes et des contenus, lors d'un débat à La Rochelle. Mais nous apportons des choses différentes, ajoutait-il. Proposer à 20 heures une fiction comme Scènes de ménages était une prise de risque considérable.»

Un sous-genre, les programmes courts? En 2012, ils représentaient 22,8% des fictions initiées par les chaînes, soit 151 heures. La durée est compensée par le nombre d'épisodes réalisés: 300 x 3 minutes 30 secondes pour Soda (W9), 321 x 3 mn pour Nos chers voisins (TF1)... Ces programmes nécessitent un processus industriel et un modèle économique propres. Selon le CNC, en 2012, le coût de production d'une minute d'un programme court s'élève à 4 960 euros contre 21 790 euros pour une série de 52 minutes et 25 350 euros pour un unitaire de 90 minutes.

«Le shortcom est un miroir aux alouettes, assure Jean-François Boyer, président de Tetra Media. D'une part, parce que les demandes sont faibles car les cases sont rares, et une chaîne cherche un programme court, deux au maximum. D'autre part, parce qu'il n'y a pas de débouché à l'international.»

Mais ce genre a quand même des vertus: il fidélise un public, rythme une grille et permet à une chaîne de mieux s'incarner. Et, avec le sacre de La minute vieille d'Arte, la pastille en forme d'histoire drôle de Fabrice Maruca, primé meilleur programme court à La Rochelle, il s'éloigne des sphères habituelles (famille, voisins, amis...) pour se rapprocher de la web-création. 

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