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Un tiers des 90 salariés de Courrier international reçoivent une lettre de licenciement. Un dommage collatéral des programmes d'austérité de la Commission européenne.

Le "spécial censure" devait sortir le 17 octobre, à l'occasion des Tribunes de la presse de Bordeaux. La grève, à Courrier international, en a décidé autrement. "Tout le monde était pourtant très investi", raconte Pascale Boyen, déléguée du syndicat national des journalistes, mais la grève, du 15 au 17 octobre, a eu pour conséquence d'empêcher la sortie du numéro.

En cause, le plan de suppression de 29 emplois sur 90, soit un tiers des effectifs, ou de 21,71 équivalents temps plein (ETP) sur 79, pour reprendre les chiffres de la direction. "Tout le monde est touché: l'administration, la maquette, la révision, la traduction et la rédaction stricto sensu", complète-t-elle, comme pour mieux signifier l'ampleur de ce plan de sauvegarde de l'emploi.

 

"Anticiper l'avenir"

Selon Louis Dreyfus, président du directoire du groupe Le Monde, propriétaire de Courrier international, le plan de sauvegarde de l'emploi "n'est ni atypique ni aberrant". Avec la perte d'un gros budget de 2,5 millions d'euros dû à l'annulation, cet été, par la Commission européenne du budget portant sur son site d'information en ligne Presse Europe, il fallait que la "structure de coûts" soit adaptée au plus vite: à partir du 1er janvier, ce sont 200 000 euros par mois de Presse Europe qui échapperont à l'entreprise.

L'impact du contrat porte, selon lui, sur 11 emplois ETP directs, auxquels il faut ajouter "5 à 6 emplois de structure financé par Presse Europe". Sans oublier les 22 pigistes sur 25 qui ne travaillaient "que" pour le site. Comme le résultat de 2013 sera conforme à celui de l'an passé - 250 000 euros -, ce n'est pas la situation comptable de Courrier international qui explique l'ampleur du plan.

Mais Louis Dreyfus, sans doute au vu de l'OJD 2012-2013 (-7,5%), considère qu'il faut "anticiper l'avenir". "Presse Europe aurait permis de payer d'autres gens qu'il faudrait licencier?, questionne la déléguée syndicale. Cela nous paraît spécieux. La direction en profite pour charger la barque."

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