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Les salariés demandent le départ du directoire alors que le journal doit trouver plusieurs millions d’euros d’économies pour ne pas mettre en péril son existence.

«La relation des salariés de Libération à leur hiérarchie n'est pas “difficile”. Elle est exigeante et depuis plus de deux ans, cette exigence est déçue.» Dans une lettre à Nicolas Demorand  publiée par Lemonde.fr le 29 novembre, les élus du comité d'entreprise et de la société civile des personnels de Libération reviennent sur la motion de défiance adoptée trois jours plus tôt par la rédaction à 89,9%. Dans ce texte, les salariés réclament «le départ des deux coprésidents du directoire [Nicolas Demorand et Philippe Nicolas] afin de rendre possible la mise en place d'un vrai projet de développement et d'un plan d'économies légal et crédible».

Certes, ce n'est pas la première motion contre Nicolas Demorand, qui a abandonné sa casquette de directeur de la rédaction à Fabrice Rousselot l'été dernier et a déjà rassemblé contre lui 78% des salariés lors d'un vote en juin 2011.«Libération est une famille et beaucoup de ses journalistes n'ont travaillé qu'à Libération. (...) Moi, je viens d'une autre famille, celle des lecteurs de Libération», justifiait à Stratégies Nicolas Demorand (13/10/2011).

 

Des ventes en chute libre

A l'époque, les ventes du journal étaient portées par la primaire socialiste. Aujourd'hui, la présidentielle n'est plus qu'un souvenir: en août, la diffusion du quotidien est passée sous la barre symbolique des 100 000 exemplaires. A elles seules, les ventes en kiosques ont dégringolé de 29,5% sur les neuf premiers mois de l'année, pour une diffusion France payée de 102 000 exemplaires, en recul de 16,5%, malgré les bons résultats de la nouvelle offre week-end. Les recettes publicitaires sont aussi en berne. Conséquence, le journal devrait perdre cette année près de 1,3 million d'euros, pour un chiffre d'affaires de 58 millions.
Les deux actionnaires de référence de Libération, Edouard de Rothschild et Bruno Ledoux, qui détiennent chacun 26% du capital, ont d'ores et déjà prévenu qu'ils ne remettraient pas au pot. Et puisque les héritiers de l'éditeur italien Carlo Caracciolo souhaitent vendre les 10% qu'ils détiennent, une banque-conseil a été mandatée. Objectif: trouver un industriel qui veuille bien renflouer les caisses. En attendant, un plan d'économies de 3 millions d'euros est prévu. Pour apaiser les tensions, les deux actionnaires ont nommé un médiateur, François Moulias, qui a conforté dans ses fonctions le directoire actuel. «La survie du support papier est évidemment dans toutes les têtes même si pour l'instant nous continuons à vendre suffisamment pour que le papier soit rentable», estime un représentant des salariés. Jusqu'à quand?

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