Une nouvelle autorité de régulation a été créée en octobre dernier, au sein de laquelle les chefs de presse ont une influence réduite.

La reine Elizabeth II s'est arrangée pour que soient réprimandés les policiers pique-assiettes au Palais de Buckingham. Elle était exaspérée par leur manie de finir les cacahouètes après le départ des convives, a-t-on appris le 12 décembre, lors du procès des écoutes de presse à Londres. Ce scoop de Clive Goodman, correspondant royal du défunt tabloïd News of the World (NotW), a été débattu en audience, alors qu'approche le terme de la septième semaine du procès au tribunal de l'Old Bailey à Londres.


Le faux hasard du calendrier a placé au même moment les procès des écoutes téléphoniques de News of the world et la création de la nouvelle autorité de régulation de la presse britannique.


La Reine a signé à la fin octobre la Charte royale donnant à cette autorité des pouvoirs de sanctions inédits depuis plusieurs dizaines d'années. Obligation d'excuses en une, amendes pouvant aller jusqu'à un million de livres (1,16 million d'euros), conseil juridique aux présumées victimes de l'excès de zèle des journalistes, système de plaintes accélérées : le but est de museler cette presse tabloïd qui n'a, de toute évidence, pas su appliquer son propre code de conduite, comme l'a démontré cette culture très répandue d'écoutes illégales de personnalités du monde sportif, politique et du show-bizz, tout au long des années 2000.


Les patrons de presse ont oeuvré pendant des mois pour créer leur propre autorité de régulation. Par le biais de diverses saisines (High Court, Court of Appeal), ils ont tenté jusqu'au dernier moment, d'empêcher cette perte de contrôle sur une partie de leur liberté.
De fait, rien ne les oblige à adhérer à l'autorité de régulation mise en place par les trois principaux partis politiques (conservateur, libéral-démocrate et travailliste, auxquels s'est jointe la très influence assocation de stars victimes de pirage, Hacked Off). Mais en restant à l'écart, le prix à payer sera très élevé s'ils sont de nouveau pris en défaut, ceux-ci ne pouvant pas bénéficier de la "protection" de la nouvelle autorité. En cas de plainte, par exemple, d'une personnalité se disant harcelée, ils devront prendre eux-mêmes à leur charge les frais et dédommagements éventuels.


D'après Bob Satchwell, directeur général de la Society of Editors, "ceux qui semblent vouloir neutraliser la presse oublient qu'elle compte 20 quotidiens nationaux, 1100 titres de presse régionale et locale, et des centaines de magazines, qui n'ont rien fait de répréhensible. Et malgré tout, ils veulent leur imposer un système de surveillance aux pouvoirs uniques dans le monde occidental, dépendant des politiques d'aujourd'hui et de demain."


Une partie importante des journaux va probablement prendre le risque de refuser d'adhérer à cette nouvelle autorité, dans un climat rendu un peu plus tendu par la promesse faite par David Cameron au Parlement de poursuivre les journaux qui publieront les documents secrets de la NSA divulgués par l'ancien agent Edward Snowden.

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