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Melissa Bell, correspondante à Paris pour CNN, parle beaucoup de terrorisme ou de la crise des migrants en Europe. Heureusement, il y a aussi Emmanuel Macron.

D’abord, il y a ce français parfait, avec peut-être, une très légère pointe d’accent belge. Melissa Bell rappelle qu’elle est française par sa mère et qu’elle a étudié au lycée de Washington. Fille d’un journaliste de la BBC, elle dit avoir adoré Bruxelles à la fin des années 1990 lors de son premier emploi pour Knight Ridder. Elle rejoint ensuite Manchester comme reporter politique pour Granada TV avant d’intégrer la BBC, en 2002, puis France 24 en 2008. CNN ? Elle en est la correspondante à Paris depuis un an et les Français l’ont découvert à l’occasion du débat de l’entre-deux tours, en avril dernier sur TF1, face à Marine Le Pen et Emmanuel Macron.
Six mois plus tard, la journaliste politique revient sur cette rencontre, où elle se rappelle avoir été surtout enchantée de découvrir les studios de TF1. Marine Le Pen ? Elle l’a trouvé différente de ce qu’elle est dans les médias. Macron ? « Ma productrice lui a demandé : “comment se fait-il que vous parliez si bien anglais ?” Elle s’attendait à ce qu’il lui parle de Shakespeare. Mais il a répondu que, lorsqu’il était banquier, il était obligé de négocier en anglais et d’avoir les bons mots ».

 Melissa Bell doit ses premiers pas sur CNN à sa couverture des attentats du Bataclan sur France 24. Marc Saikali, directeur de France 24, se souvient d’une journaliste « très breaking news » plongée dans le biculturalisme, connaissant toutes les facettes de la TV et capable de tenir l’antenne pendant des heures. « C’est une force que très peu de journalistes ont, se souvient-il. Il fallait la sortir du studio par le bras pour qu’elle rentre chez elle. »

« Beau et élégant »

La journaliste politique observe que qu'Emmanuel Macron, l'anti-Trump champion des valeurs européennes, incarne aux yeux de nombreux Américains et Britanniques une sorte de fils spirituel d’Obama. Au petit jeu des ressemblances, le Français a pour lui une « vision du monde semblable », une capacité à « rassembler au-delà d’un parti », et ce « côté jeune, beau et élégant » qui en fait sans doute le candidat des médias internationaux. « Macron est le champion d’une vision qui n’avait plus de champion », relève-t-elle.
Les différences sont aussi très nettes : « Obama, c’est le naturel absolu, il est tellement à l’aise, rayonnant, drôle avec une façon bien à lui de se connecter aux gens dans les moments difficiles. Il donnait le sentiment de parler avec son cœur… Cela, Macron ne l’a pas. Il a des difficultés à montrer ce qu’il est ». Entre le franc-parler parfois brutal – les « fainéants », les grévistes qui « foutent le bordel »… - et la distance présidentielle, Macron doit encore se positionner… Mais avec son anglais sur CNN, ses slogans mondiaux (« make our planet great again ») il est assurément « le plus suivi des présidents français ».

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