Social
Trois organisations - CGT, FO et Syndicat national des journalistes (SNJ) - appellent les salariés à cesser le travail «pour l'honneur du service public».

Au lendemain d'un vote des journalistes de France Télévisions contre leur patronne Delphine Ernotte, une grève de 24 heures est organisée ce mercredi au sein du groupe, pour protester contre les importantes mesures d'économies projetées en 2018 et une vaste réforme préparée par le gouvernement.

Trois organisations - CGT, FO et Syndicat national des journalistes (SNJ) - appellent les salariés à cesser le travail «pour l'honneur du service public»: à l'occasion d'un comité central d'entreprise, ils souhaitent mobiliser face à ce qu'ils considèrent comme une tentative de «démolition» du groupe.

Vote sanction   

Le 12 décembre, les journalistes du groupe public ont adressé un coup de semonce à leur présidente, Delphine Ernotte, en adoptant à une majorité écrasante (84% des votants, avec un taux de participation de 69%) une motion de défiance à son encontre.

Sommée par le gouvernement de réduire de 50 millions les dépenses du groupe en 2018, à 2,57 milliards d'euros, la direction du groupe veut supprimer 180 postes équivalent temps plein (ETP) l'an prochain via des non-remplacements de départs à la retraite, dont 30 dans l'information. Ces mesures doivent être adoptées lors d'un conseil d'administration prévu le 21 décembre.

Inquiétude des salariés

Delphine Ernotte, dans un message envoyé aux salariés le 11 décembre, avait dit prendre «au sérieux» cette motion de défiance mais avait défendu les économies projetées, y compris dans les programmes d'information, soulignant que «certains chantiers peuvent être difficiles, mais ils sont nécessaires».

Outre les mesures d'économies, les organisateurs de la grève s'inquiètent d'une réforme en profondeur de l'audiovisuel public, que le gouvernement veut lancer l'an prochain.

«Honte de la République»

Cet automne, la révélation de «pistes de travail» radicales émanant du ministère de la Culture, évoquant un «rapprochement» entre France Télévisions et Radio France, ainsi qu'entre les réseaux régionaux de France 3 et France Bleu, mais aussi la suppression de France Ô ou le passage de France 4 à une diffusion 100% numérique, a déclenché la colère des syndicats qui y voient le risque d'une destruction du service public.

Et des propos très sévères du président Emmanuel Macron envers l'audiovisuel public, tenus la semaine dernière devant des parlementaires, ont encore accru la tension. «L'audiovisuel public, c'est une honte pour nos concitoyens, c'est une honte en termes de gouvernance, c'est une honte en ce que j'ai pu voir ces dernières semaines de l'attitude des dirigeants», aurait fustigé le chef de l'Etat selon Télérama. «L'audiovisuel public est la honte de la République», aurait-il dit selon L'Express, des propos toutefois démentis par l'Elysée.

Climat anxiogène

Pour Force Ouvrière, qui appelle les salariés à envoyer «un message fort» le 13 décembre, ces signaux procèdent «d'une volonté d'instituer un climat anxiogène dans l'entreprise».

Le gouvernement veut aller vite. Les patrons de l'audiovisuel public doivent présenter des propositions communes à la ministre de la Culture Françoise Nyssen le 21 décembre. Cette dernière remettra ensuite ses recommandations à l'exécutif, en vue d'une décision en février ou mars.
Il ne s'agit pas «de supprimer, de fusionner» mais de réfléchir à «des synergies et des coopérations», s'est défendue la ministre le 11 décembre.
Delphine Ernotte, dans son message aux salariés, a de son côté insisté sur la nécessité pour le groupe de ne «pas attendre que la loi soit écrite pour avancer», car «nous savons tous que nous pouvons faire mieux», et «que dans un univers qui change face à l'évolution des usages, il nous faut nous transformer».

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.