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Claude Perdriel se relance dans un projet éditorial ambitieux. Il a confié la direction du Nouveau Magazine littéraire, né du titre Le Magazine littéraire qui lui appartient depuis 2014, à Raphaël Glucksmann. Une aventure de presse ambitieuse, qui met le débat d'idées humaniste et progressiste au coeur de son offre, au côté de la littérature. Et qui rappelle forcément la création du Nouvel Observateur en 1964.

Quand il arrive au Procope, café mythique de l’Odéon, on se pince pour croire à ses 91 printemps. Claude Perdriel a l’allant d’un quinquagénaire et lance un nouveau mensuel dont il est PDG et directeur de publication. Il a confié les clés éditoriales du Nouveau Magazine Littéraire à Raphaël Glucksmann. L’ambition du journal, qui s‘appuie sur le socle de lecteurs du Magazine littéraire créé en 1966 et racheté par Claude Perdriel (qui possède également Challenges, Sciences et Avenir et, au sein de Sophia Publications, Historia, l’Histoire et La Recherche) ? « Un pays qui ne donne pas la parole à ses intellectuels est un pays qui se meure. Il y a une ligne politique dans ce journal, qui est celle qui nous réunit, une certaine défense de la sociale démocratie, qui remonte à Mendès-France, Rocard et Mauroy. Nous considérons que le lecteur est intelligent et nous lui proposons de penser par lui-même » a expliqué Claude Perdriel dans une conférence de presse, au côté de Maurice Szafran et de Raphael Glucksmann. Ce dernier a renchéri : « Nous proposons de raconter les idées qui peuvent changer le monde, raconter notre temps et l’explorer jusqu’au bout. Il y a besoin d’une maison pour ceux qui refusent le déclinisme et croient au progressisme et à l’humanisme. Car c’est une aventure intellectuelle collective que nous lançons ». Une aventure qui se déclinera en digital début 2018 (avec Alice Antheaume comme conseillère), via des conférences et des rencontres et qui se concrétise aujourd’hui via un premier numéro du magazine.

Un million d'euros pour 30.000 à 35.000 exemplaires

Tiré à 80.000 exemplaires pour son premier numéro vendu dès le 18 décembre au prix de 4,90 euros, le journal sera vendu ensuite 5,90 euros avec un objectif de diffusion de 30.000 à 35.000 exemplaires. Il affiche déjà 25 pages de pub. Le média dispose d’un budget d’un million d’euros qui devrait « permettre de voir venir pendant deux ans » explique Claude Perdriel. Le premier dossier de Une est titré : « Les idées changent le monde ». Parmi les signatures invitées dans ce numéro : Leila Slimani, Michel Onfray, Aurélien Bellanger, Patrick Chamoiseau, Edgar Morin, Valérie Mréjen, Denis Robert, Marc Weitmann, Frédéric Beigbeder, Michaël Foessel, Marie-Dominique Lelièvre ou Najat Vallaud-Belkacem. Seule exigence du directeur du magazine, Raphaël Glucksmann : « Il faut que le texte implique une narration de notre temps ».

Rendre compte de la vitalité de la pensée

Une famille de penseurs et d’écrivains qui n’est pas sans rappeler celle du Nouvel Observateur, lancé en 1964 suite à la fusion d’une partie de l’aile gauche de l’Express autour de Pierre Mendès France et de France Observateur, porté par des idéaux de gauche anti-communiste. Un parallèle que ne renie pas Claude Perdriel : « Le Nouvel Observateur a rendu compte d’une vitalité de la pensée pendant ses 25 premières années et j’espère retrouver dans ce nouveau journal ce plaisir que j’ai eu à défendre cette vitalité. Depuis dix ou quinze ans, je trouve que cette vitalité de l’Obs a disparu. L’Obs reste un bon journal mais n’a peut-être plus le côté leader d’opinion qui nous a permis de jouer un rôle dans des débats de société sur l’avortement, le sexisme, les prisons, l’environnement ou l’architecture. Si ce nouveau magazine pouvait reprendre une petite parcelle de l’autorité de l’Obs il y a cinquante ans, je pense que j’aurais réussi ».

Le Nouveau Magazine littéraire ne sera pas concerné par l'entrée au capital de Renault

Place donc au Nouveau Magazine littéraire, qui n’est pas concerné par l’arrivée d’un nouvel actionnaire, Renault, rentré à hauteur de 40% dans le capital des autres publications de Claude Perdriel. « Nous sommes arrivés à un accord qui préserve totalement notre liberté rédactionnelle, dit-il. Notre accord concerne l’audio et la vidéo. Nos contenus et notamment nos archives seront mises à disposition dans leurs voitures, soit actuellement dix millions de véhicules vendus par an. Et Renault nous apporte cinq millions en augmentation de capital ».

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